Originaire de Londres, Moffy Gathorne Hardy a tout juste 25 ans mais présente déjà un parcours impressionnant. Étudiante en lettres russes et françaises à l'University College London, la jeune femme poursuit parallèlement une carrière de mannequin. Et ce n'est certainement pas son amblyopie qui l'en empêchera. L'amblyopie est un trouble oculaire (également surnommé "oeil du paresseux") qui altère l'acuité visuelle et se déclare généralement pendant l'enfance. Il peut s'avérer très handicapant dans les cas les plus sévères.
Pour Moffy Gathorne Hardy, l'oeil du paresseux a toujours fait partie de la vie, puisqu'elle est née avec. Si elle reconnaît avoir rencontré des difficultés lorsqu'elle était enfant et adolescente, elle a désormais appris à vivre avec. La jeune femme, qui assume désormais pleinement cette particularité physique, n'a d'ailleurs jamais souhaité recourir à l'opération. "Je pense que l'on peut assimiler n'importe quoi comme une partie de son identité si nécessaire", avait-elle affirmé lors d'un entretien accordé en mars dernier à i-D Vice.
Moffy Gathorne Hardy met un point d'honneur à ne pas brandir son strabisme comme un signe physique distinctif, mais affirme n'avoir en revanche aucune réticence à l'évoquer si cela peut apporter "même la plus petite source d'espoir à une autre personne".
La carrière de Moffy Gathorne Hardy dans le mannequinnat démarre en 2013, lorsque le photographe Tyrone Lebon la repère et la photographie pour la couverture du magazine POP. Depuis, elle a été approchée par les designers Mimi Wade et Vivienne Westwood, est apparue dans les pages du Document Journal et de Buffalo, et a même signé avec l'agence Storm Models, la même qui a débusqué le très célèbre top model Kate Moss.
Partout où elle va- que ce soit les podiums sur lesquels elle défile ou les magazines pour lesquels elle pose- Moffy Gathorne Hardy remet en question les diktats de la mode, qui consistent à ne jurer que par des silhouettes filiformes et des visages parfaitement symétriques. Entre deux tournages, elle se consacre à ses études, ainsi qu'à l'écriture de son premier roman.
Cette jeune anglaise qui a grandi dans une maison entourée d'artistes (sa mère était peintre, son beau-père pianiste) nourrit donc à la fois une passion pour la mode et pour l'écriture, et sa créativité semble sans limite. En témoigne l'idée toute personnelle qu'elle se fait du maquillage, là encore sans avoir peur de bouleverser les codes.
"Je n'ai jamais utilisé le maquillage dans le sens conventionnel, c'est-à-dire pour accentuer les traits déjà présents et mettre en valeur les pommettes. Je vois plutôt le maquillage comme une forme d'évasion, une manière fantaisiste de se mettre en valeur, comme on le fait avec les costumes. C'est une façon d'assumer et d'essayer d'autres identités. J'aime le mascara vert, le rouge à lèvres noir. En général, tout ce qui est amusant et un peu idiot."
Une jolie leçon beauté qui donne une tout autre dimension à l'image que l'on peut se faire d'un "top-model parfait".