Comme pour entrer en boîte de nuit, faire une virée entre ami·es au casino nécessite quelques conditions d'accès : avoir au moins 18 ans, être muni·e d'une pièce d'identité et porter une tenue vestimentaire correcte.
Anne remplit parfaitement ces trois critères. Pourtant, lorsqu'elle se rend au Casino Barrière de Toulouse pour boire un verre avec ses amies le 3 janvier, on l'empêche d'entrer. La raison ? Elle porte un foulard autour de la tête. Cette trentenaire est depuis peu en rémission d'un cancer.
La femme, qui affirme être venue au même endroit deux semaines plus tôt sans incident, demande à s'entretenir avec la direction devant le refus de l'agent de sécurité, qui de son côté affirme avoir reçu "des directives". Sa requête est entendue, mais on ne la laisse toujours pas entrer. Le groupe d'amies jette l'éponge et décide d'aller festoyer ailleurs.
"Je me suis sentie humiliée. Très en colère. Excusez-moi d'avoir eu un cancer !", confie Anne au journal La Dépêche du Midi. "Ils nous ont gâché la soirée. Cette attitude vous renvoie à votre maladie. Vous vous rendez compte ? Aujourd'hui je vais bien, je suis en pleine forme. Mais imaginez une dame qui est en souffrance. Après ça, elle rentre chez elle, et il se passe quoi ?", s'insurge-t-elle.
"Cela n'arrivera plus. Nous avons rappelé le règlement à nos équipes. Le couvre-chef est interdit dans la salle de des jeux pour les hommes. Mais cela ne s'applique pas aux femmes. Elles peuvent avoir la tête couverte, il suffit que l'on voit l'ovale de leur visage. L'objectif de ces règles est de pouvoir reconnaître une personne en cas de problème", s'est justifié l'établissement auprès des journalistes de La Dépêche.
La direction du Casino Barrière de Toulouse a également affirmé qu'il y aurait des sanctions contre l'agent qui a refusé l'accès à Anne. La principale concernée réagit : "Cette maladie ne m'a pas démolie, ce n'est pas cette histoire qui va le faire. Mais ce genre d'événement ne doit plus se produire".
En France, cette forme de discrimination n'est malheureusement pas sans précédent. En avril 2018, un petit garçon atteint d'une leucémie n'a pas pu franchir les grilles du Parc Saint Paul situé dans l'Oise, parce qu'il portait un masque chirurgical.
Indignée, sa mère a publié un long message sur Facebook pour dénoncer un acte "triste, inacceptable et révoltant". Partagé près de 300 fois, son post a indigné les internautes et a conduit la direction du parc d'attraction à modifier son règlement intérieur qui interdisait jusqu'ici le port de vêtement et d'accessoire dissimulant le visage. Le site autorise désormais le port de masque "sous présentation d'un certificat médical de non-contagion."