C'était il y a douze ans. L'Europe connaissait un mois d'août caniculaire et les services des urgences, où se trouvait Patrick Pelloux, accueillaient chaque jour davantage de personnes, le plus souvent âgées, en état de forte déshydratation, tandis que les chambres mortuaires peinaient à accueillir les dépouilles qui s'accumulaient par centaines (un hangar réfrigéré à Rungis avait même été ouvert à cette occasion). Devant l'attentisme des pouvoirs publics, l'urgentiste avait alors tiré la sonnette d'alarme, et informé les médias de l'ampleur tragique de la situation.
Alors qu'une nouvelle canicule s'est abattue sur la France depuis le début de la semaine, les progrès qui ont été faits "sont considérables" selon Pelloux. La conscience collective, déjà, qui pousse les médias et les citoyens à se soucier des plus faibles (enfants et personnes âgées), et puis "la prévention opérée par les collectivités territoriales, les infirmières et les pouvoirs publics".
"Nous faisons un point tous les matins avec la ministre [Marisol Touraine]", confie l'urgentiste et chroniqueur de Charlie Hebdo, "afin de lui faire part de ce qui va, et de ce qui ne va pas".
Et qu'est-ce qui ne va pas, justement ? "Les hôpitaux avaient prévu de fermer des lits en juillet. Nous lui avons demandé de se saisir de cette décision, elle nous a entendus. Et puis nous manquons de moyens. Hier, les appels au Samu ont redoublé, il a fallu aller chercher beaucoup de personnes mises en difficultés par la chaleur. À la gare du Nord à Paris, nombre de voyageurs avaient fait des malaise. Et il y a déjà des morts. Comme cet homme jeune qui, malgré les nombreuses mises en garde, a fait du sport, et est décédé d'hyperthermie."
Ce jeudi 2 juillet, 47 départements ont été placés en état d'alerte canicule. Les fortes chaleurs devraient perdurer jusqu'au début de la semaine prochaine, poussant les autorités et les professionnels de santé à mettre en garde les plus fragiles contre les effets dévastateurs de celles-ci. "Les personnes souffrant de maladies cardio-vasculaire, les sportifs et les malades chroniques, outre les personnes âgées et les enfants, sont à surveiller avec davantage d'attention", indique Patrick Pelloux.
Les signes qui doivent inquiéter ? "L'énervement, le manque de sueur, les rougeurs, la température qui augmente". En bref, "si vous buvez bien, vous pissez clair", ajoute-t-il, conseillant ainsi aux mamans de jeunes enfants de surveiller attentivement les couches. Et de bien s'hydrater, évidemment.