"Jeune, j'avais conscience du danger parce que j'ai toujours gardé les yeux ouverts. Nous avions une technique : on fuyait". L'espace d'une interview accordée au magazine Paris Match, l'ancienne mannequin et chanteuse Carla Bruni est revenue sur son expérience du milieu de la mode et, surtout, de ses prédateurs.
Alors que de nombreux scandales ont été mis en lumière au sein de cette sphère où la paroles se libère peu à peu, en phase avec le mouvement #MeToo (on pense notamment aux accusations dont fait l'objet l'agent de mannequins Jean-Luc Brunel ou encore les accusations de viols visant l'ancien patron de l'agence Elite Gérald Marie), Carla Bruni s'est directement exprimée à ce sujet : "Je me méfiais beaucoup dans le milieu de la mode quand je voyais quelqu'un d'étranger arriver", a-t-elle déclaré.
Une attitude qui à l'écouter était aussi celle de ses consoeurs à l'époque. "Nous avions une technique : on fuyait", a-t-elle poursuivi à ce sujet. "Nous", désigne ses amies mannequins, à l'époque où Carla Bruni occupait cette profession : les années 90. "Je connais le monde et ses travers, l'espèce humaine et sa cruauté. Et je connais la vie maintenant", a-t-elle poursuivi à propos de cette méfiance.
Cependant, la chanteuse dédie également de curieuses pensées à la révolution #MeToo. Auprès de Paris Match, toujours, elle s'est exprimée au sujet d'une autre sphère qu'elle connaît bien, celle de la musique. "Il n'y a pas eu de #MeToo dans la musique. Il doit pourtant y avoir des prédateurs comme dans les autres milieux. Je ne sais pas pourquoi cela n'est jamais sorti", a-t-elle observé. Avant d'ironiser : "Peut-être que les victimes sont trop consentantes ?".
Une insinuation curieuse. D'autant plus à l'heure où une mobilisation comme #MusicToo a bel et bien généré des témoignages. Carla Bruni espère cependant que le mouvement #MeToo "intimide désormais les prédateurs".
Autre point gênant de son interview : l'ancienne Première dame semble regretter de ne pas être victime du harcèlement de rue. "Quand est-ce qu'on m'a sifflée dans la rue pour la dernière fois ? Je ne m'en souviens pas... et c'est très embêtant", plaisante-t-elle (ou pas). "Après, je ne trouve pas que cela soit une agression. Mais comme je n'ai jamais subi d'agression, je suis mal placée pour parler de tout cela..." Des propos qui font écho à la fameuse tribune polémique de la "liberté d'importuner". On tique.