Aux Etats-Unis, la culture du viol règne sur les campus universitaires, à un tel point que selon une étude menée par l'organisation One in Four, une jeune femme sur quatre sera agressée sexuellement avant d'avoir quitté l'université. Si cette situation fait froid dans le dos, les agresseurs restent malheureusement bien souvent impunis. Début 2015, le documentaire The Hunting Ground diffusé au festival de Sundance expliquait ainsi que 90 campus américains étaient visés par des enquêtes.
Comme beaucoup de jeunes femmes, Taylor Yocom, étudiante en photographie à l'université d'Iowa, est du genre à rester sur ses gardes dès qu'elle se retrouve seule sur son campus ou en ville. Alors qu'elle discutait avec d'autres camarades de classe de leurs techniques de self-défense personnelles, elle s'est rendue compte que cette conversation avait un certain impact sur les élèves masculins. "C'était tout à fait normal pour nous. Mais les garçons présents dans la classe ont été très surpris de voir que ce genre de chose nous venait naturellement à l'esprit. Voir ce fossé entre les sexes a déclenché quelque chose en moi", a confié la jeune femme de 22 ans au site Mic.com.
De cette discussion est né le projet "Guarded", une série de photographies en noir et blanc sur lesquelles des femmes posent aux côtés des objets qu'elles gardent en main dès qu'elles se déplacent seules dans la nuit et avec lesquels elles espèrent faire fuir leur potentiel agresseur. Certaines posent avec des bombes lacrymogènes, d'autres avec des sifflets anti-viols (très populaires aux Etats-Unis). On trouve également une bague à deux doigts, et quelques tasers. Mais la plupart du temps, les femmes photographiées tiennent à la main leur trousseau de clés utilisé comme un coup de poing américain.
Interrogée par Buzzfeed, Taylor Yocom a expliqué que selon elle, "tous ces objets sont la représentation physique de ce que les femmes vivent tous les jours". Avec son projet, elle souhaite mettre en lumière la culture du viol et espère faire évoluer les mentalités : "Ces bibelots accrochés aux porte-clés démontrent à quel point les femmes doivent toujours être sur leur garde et se protéger... alors que ce sont bien les violeurs qui ne devraient pas violer".
Rappelons qu'en France, les femmes ressentent également un fort sentiment d'insécurité dans la rue. Selon une étude menée par l'Insee en 2007, 1 femme sur 5 ne se sent pas en sécurité dans son quartier, tandis que 45% des femmes interrogées ont déjà subi des violences dans un lieu public. Un récent rapport rendu par le Haut Conseil à l'Egalité femmes-hommes indique même que 100% des utilisatrices des transports en commun ont été victimes au moins une fois dans leur vie de harcèlement sexiste ou d'agressions sexuelles.