La nouvelle a été accueillie avec joie par les employées de Culture Machine et Gozoop. Comme le rapporte Indian Times, ces deux entreprises ont récemment annoncé qu'elles allaient accorder un congé menstruel aux femmes le premier jour de leurs règles. Culture Machine compte 75 femmes parmi ses salariés et a expliqué vouloir appliquer cette nouvelle politique dans l'espoir de rendre l'espace de travail plus sain et plus inclusif pour elles. En termes d'annonce, l'entreprise spécialisée dans les médias n'a pas fait dans la demi-mesure. Elle a ainsi posté une vidéo sur YouTube dans laquelle ses employées parlent librement de leurs règles et apprennent "en direct" la bonne nouvelle. Loin de s'arrêter là, Culture Machine s'est aussi donné pour mission de sensibiliser le reste du pays. The Independent indique ainsi qu'une pétition a été lancée en ligne pour inviter toutes les entreprises indiennes à mettre en place le congé menstruel.
On peut notamment lire : "Tout le monde sait que les hommes et les femmes sont biologiquement différents. Toutefois, pour que la civilisation humaine progresse réellement, il faut que nous commencions à honorer et comprendre ses différences. Par exemple, pourquoi les menstruations, qui font partie intégralement du processus biologique de la femme, devraient continuer à être cachées ? Ce n'est un secret pour personnes que les crampes liées aux règles sont horribles. Pourtant, les femmes doivent continuer à venir travailler et à cacher leur douleur avec des excuses idiotes". Culture Machine appelle donc les autres entreprises indiennes à "offrir aux femmes ce droit".
Publiée sur Change.org, la pétition est adressée directement au ministère des Droits des femmes et des enfants ainsi qu'à celui du Développement des ressources humaines. Pour le moment, la pétition a réuni plus de 25 000 signatures sur les 35 000 désirées.
Si elle est plutôt rare, la proposition de congé menstruel ne date pas d'hier. Ainsi, le Japon a été le premier pays à accorder ce droit aux femmes et cela dès 1947. Un congé malheureusement peu utilisé par les Japonaises comme le rappelait The Guardian en 2016. Quoi qu'il en soit, d'autres pays d'Asie comme la Corée du Sud, Taiwan et l'Indonésie avaient rapidement emboîté le pas au Japon. Plus récemment, deux autres pays ont relancé le mouvement. La Zambie d'abord, qui a accordé un jour de congé par mois aux femmes souffrants de règles douloureuses. L'Italie ensuite, où le parlement a commencé à se pencher sur la question en mars dernier.
Dans les deux cas, les nouvelles ont suscité de vives polémiques. Car si ces décisions démontrent un beau progrès social, les détracteurs de ces mesures estiment qu'un risque d'abus n'est jamais bien loin ou que les absences pourraient avoir un impact négatif sur la productivité des entreprises. Enfin, certains voient un lien direct entre la mise en place de ce congé et la discrimination envers les femmes. "Les employeurs pourraient être encore plus tentés d'embaucher des hommes", s'alarmait la journaliste Italienne Lorenza Pleuter dans les colonnes du magazine Donna Moderna en mars.
Si les règles restent encore taboues et intéressent malheureusement peu le milieu scientifique, rappelons qu'en 2016, des médecins révélaient que les douleurs menstruelles s'apparentaient à une crise cardiaque.