La crise énergétique qui sévit depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie creuse le budget de nombreux foyers. Pour faire des économies sur leur facture d'électricité et afin de participer au fameux "plan de sobriété énergétique", le gouvernement incite les ménages à moins chauffer leur domicile cet hiver.
Mais attention : descendre en-dessous de la température idéale conseillée dans les logements, qui est de 19°C, pourrait nuire à votre santé mentale, selon les résultats d'une étude britannique.
Cette étude, publiée dans la revue Social Science and Medicine, s'est intéressée aux maisons peu ou pas chauffées, et aux conséquences de la baisse du thermostat sur le bien-être des habitants. Les autrices du rapport se sont ainsi appuyées sur les données issues de la UK Household Longitudinal Study. Il s'agit de l'une des plus grandes enquêtes par panel au monde, réalisée auprès de 40 000 ménages du Royaume-Uni, soit environ 100 000 individus. Les chercheuses ont également modélisé différentes situations pour observer au mieux le lien entre la santé mentale et la température du logement.
Leurs résultats révèlent que pour les personnes ayant vécu dans un logement froid, le risque de développer une détresse mentale grave a doublé, quand bien même elles ne souffraient pas de troubles psychiques initialement. Pour les personnes ayant des antécédents en termes de maladies mentales, ce risque a triplé.
"Pour beaucoup, les coûts de chauffage sont une source de stress et de pression financière. Le fait de ne pas pouvoir chauffer confortablement sa maison et sa famille réduit le sentiment de contrôle et d'autonomie sur son environnement", expliquent les autrices de l'étude. "Les personnes qui ne sont pas en mesure de chauffer leur maison adoptent souvent des mécanismes d'adaptation qui limitent la socialisation - par exemple, ne pas inviter d'amis et se coucher tôt pour rester au chaud. Et beaucoup de gens sont tout simplement épuisés par le fait de passer un hiver entier dans un froid inconfortable."
Les chercheuses soulignent que "malgré un climat relativement doux, les maisons froides sont un problème important au Royaume-Uni, une estimation récente révélant que plus d'un quart des ménages à faible revenu ne serait pas en mesure de chauffer correctement sa maison à l'hiver 2022."
"Malgré le réchauffement climatique, l'impact du froid ne devrait pas diminuer en France", prévient solidarites-sante.gouv.fr, qui rappelle que le froid peut aussi provoquer des gelures ou de l'hypothermie, et l'aggravation de maladies préexistantes (notamment cardiaques et respiratoires). Le froid peut également avoir des effets à plus long terme, tels que des accidents vasculaires cérébraux ou des infections respiratoires. Il est donc urgent de trouver des solutions énergétiques viables sans sacrifier la santé et le porte-monnaie des ménages.