Depuis le 1er janvier 2021, une nouvelle loi est passée en Chine. Comme l'explique le New York Post, celle-ci autorise le·la conjoint·e qui s'occupe des tâches ménagères à exiger une compensation financière lors du divorce. Compensation qui concerne également le fait de s'être occupé·e des enfants ou encore de la cuisine...
La vie domestique au sens le plus large, donc. Et c'est pour cela qu'un homme, Mr Chen, après décision d'un tribunal à Pékin, s'est vu forcer de verser pas moins de 50 000 yuans (soit plus de 6 000 euros) à son ancienne compagne, Mme Wang. L'idée de la démarche ? Rémunérer cette dernière pour les tâches domestiques qu'elle a pu effectuer des années durant au sein du domicile quand ils étaient ensemble. Ce qui semble plutôt légitime.
Qui plus est, la situation du couple concerné était particulière : Mme Wang et Mr Chen se sont mariés en 2015, puis séparés trois ans plus tard, mais sans demander le divorce – procédure qui n'a été actée qu'en 2020. Des années durant lesquelles Mme Wang s'est occupée des enfants en solo. Aujourd'hui, l'ancienne conjointe exige également des pensions alimentaires et un partage des biens en commun.
Et il y a fort à parier que cette singulière "loi des tâches domestiques", adoptée en Chine le 1er janvier 2021, devrait donner lieu à bien des situations similaires à l'avenir au sein du pays.
Ce qui pourrait faire bondir certains esprits machos : rémunérer les tâches domestiques, et puis quoi encore ? Pourtant, et heureusement, c'est un son de cloche inverse qui se fait entendre en Chine. Sur les réseaux sociaux nationaux notamment où, selon le le quotidien South China Morning Post, certaines voix anonymes estiment que la somme versée représente "beaucoup trop peu" au vu de l'ampleur des tâches répétées des années durant.
"Celles et ceux qui s'occupent des tâches ménagères au sein d'un couple sont toujours dévalorisés", juge en retour l'avocat Zhong Wen dans les pages du journal, considérant qu'un peu plus de 6000 euros n'est pas suffisant. Cependant, c'est déjà un bon début. Derrière ce loi, une volonté de rendre plus égalitaires les situations des conjoints lors du divorce, mais pas seulement. Il s'agit également d'insister sur l'importance des tâches domestiques et de leur répartition au sein du couple et de la famille.
Rappelons à ce titre que cette problématique est évidemment loin de se limiter à la Chine. En France, ladite répartition des tâches est des plus inégalitaires. D'autant plus depuis les prémices de la pandémie mondiale. Si l'on en croit les résultats de la recherche d'Anne Brunner pour l'Observatoire des inégalités, 80 % des femmes feraient encore le ménage une heure chaque jour, contre seulement 36% des hommes.
"La diffusion d'un idéal de plus en plus égalitaire en matière de tâches ménagères peine à s'installer dans la pratique des foyers", déplore François Kraus, directeur du pôle "Genre, sexualités et santé sexuelle" de l'Ifop. C'est dire si mieux considérer cette problématique est important, partout. C'est d'ailleurs ce sur quoi insistent lecteurs et lectrices du South China Morning Post. "Super", "C'est un grand pas en avant", "Cela devrait être une loi universelle", peut-on ainsi lire en commentaires. CQFD.