Qu'elles décident d'allaiter ou non, les femmes qui viennent d'avoir un enfant sont soumises à une pression parfois difficilement supportable. Car, en plus de devoir désormais répondre aux critères de la "super maman", elles doivent, pour peu qu'elles travaillent, réussir à concilier leur toute nouvelle situation familiale avec leurs obligations professionnelles. Et ce sans se plaindre.
Alors qu'il est souvent difficile pour ces nouvelles mamans de reprendre le chemin du travail et de laisser leur nouveau-né à une nounou ou à la crèche après leurs 16 semaines de congé maternité, celles qui ont décidé d'allaiter se retrouvent en plus face à un dilemme : comment continuer à nourrir son nourrisson au sein alors qu'elles doivent retourner au bureau ?
D'après un sondage fait par l'Institut des mamans en 2002 et cité par la Leche League, 23% des mères affirment avoir décidé d'arrêter d'allaiter à la fin de leur congé maternité. Il existe pourtant des dispositions légales permettant de concilier poursuite de l'allaitement et reprise du travail. Lesquelles ? On fait le point.
Depuis 1975, il n'existe plus de congé allaitement permettant de prolonger son congé maternité. En revanche, certaines conventions collectives, comme celles de la Croix-Rouge et de l'audiovisuel, précisent que "sur présentation d'un certificat médical en attestant la nécessité, un congé supplémentaire rémunéré de quatre semaines pour allaitement pour être alloué à l'issue du congé de maternité".
Vous avez peut-être droit à ce congé supplémentaire, appelé congé "pour suites de couches pathologiques". Renseignez-vous auprès de votre convention collective et de votre médecin.
Le Code du travail prévoit des dispositions pour les femmes désirant allaiter dans leur entreprise. Si vous êtes jeune maman et que vous allaitez, vous disposez pendant un an à compter du jour de la naissance d'une heure par jour à cet effet sur votre temps de travail (Art. L 1225-30). Généralement, cette heure dédiée à l'allaitement est divisée en deux : une demi-heure le matin et une demi-heure l'après-midi. Sachez que ces temps de pause ne sont pas rémunérés, sauf si votre convention collective précise le contraire. Il est aussi possible de négocier pour arriver plus tard au travail ou repartir plus tôt, et même d'utiliser votre heure de déjeuner pour tirer votre lait ou allaiter bébé s'il n'est pas loin.
Les entreprises employant plus de 100 salariées femmes doivent normalement mettre à disposition des femmes désirant allaiter ou tirer leur lait un local dédié à l'allaitement (Art. L 1225-32). Celui-ci doit respecter des normes strictes en matière de santé et de sécurité au travail. Dans les faits toutefois, il est rare qu'un tel local existe. Renseignez-vous auprès des délégués du personnel ou de votre comité d'entreprise.
S'il n'existe pas, l'infirmerie peut tout à fait jouer ce rôle. En revanche, fuyez les toilettes, véritables nids à bactéries qui ne répondent pas aux normes d'hygiène et de sécurité.
Si votre entreprise met à disposition un local dédié à l'allaitement, sachez que la période d'allaitement est réduite à 20 minutes.
Tout à fait. Si vous habitez non loin de votre lieu de travail ou que votre entreprise dispose d'une crèche d'entreprise, vous pouvez utiliser le local pour allaiter directement votre enfant (Art. L 1225-31).
L'idéal est d'utiliser un tire-lait électrique (disponible en location en pharmacie, remboursée par la Sécurité sociale), plus pratique et surtout plus rapide. Préférez les modèles format sac à main, à double pompage.
Cela dépend de votre capacité de stockage du lait. Dans l'ouvrage d'Isabelle Fontaine Devenir mère et réussir sa vie professionnelle (Leduc éditions), la consultante en lactation IBCLC Véronique Darmangeat explique : "Si bébé est habitué à téter souvent, c'est que votre capacité de stockage est petite, alors, dans ce cas, il convient de tirer 2 à 3 fois son lait dans la journée."
Oui, c'est possible, soit dans le réfrigérateur du boulot, soit dans le compartiment glaciaire du kit tire-lait.
Il est tout à fait possible d'allaiter à temps partiel le matin, le soir et les week-ends, et de donner du lait maternisé à votre bébé lorsque vous êtes au travail. Pour bien entretenir votre lactation, maintenez 3 tétées minimum par jour ou bien tirez votre lait à la même fréquence.
Ce sont malheureusement des choses qui peuvent arriver. Le stress et la fatigue générés par la reprise du travail, associés à une baisse de la fréquence de l'allaitement peuvent avoir un impact sur la production de lait. Si tel est le cas, il vous faudra commencer doucement le sevrage pour que bébé passe définitivement au biberon. Il se peut aussi qu'en ayant goûté le lait maternisé, il se détourne complètement du sein. Mais ce n'est absolument pas systématique. Certains enfants s'adaptent très bien au sevrage du sein en buvant peu dans la journée et en se rattrapant le soir avec leur mère. Tant que la courbe de croissance de votre bébé est stable, il n'y a aucun lieu de s'inquiéter.