C'est une première. Au Japon, le ministre de l'Environnement a confié vouloir prendre un congé paternité de deux semaines suite à la naissance de son enfant ce 17 janvier. Une grande première dans le pays, où les obligations professionnelles priment bien souvent sur les obligations familiales.
"Tout en considérant sérieusement les avantages et les inconvénients à prendre un congé paternité, j'aimerais en bénéficier tout en gardant mes tâches prioritaires et en étant bien préparé en cas d'urgence", a expliqué Shinjiro Koizumi suite à la naissance de son fils.
Celui-ci avait expliqué quelques jours auparavant vouloir prendre deux semaines de congé réparties sur 3 mois, grâce à des journées plus courtes et en travaillant par moment de chez lui. "Je veux prendre au total deux semaines, hormis pour les obligations importantes", a confié le ministre de 38 ans, considéré dans le pays comme l'étoile montante de la politique japonaise.
Une décision tout sauf anodine dans un pays où rares sont les pères à profiter de leur congé paternité. La loi japonaise permet pourtant de prendre - pour le père comme pour la mère - jusqu'à un an de congé parental suite à la naissance de son enfant, potentiellement prolongé si aucune place en crèche n'est disponible. Et pourtant, selon les chiffres relayés par Le Monde, seuls 6% des pères japonais - contre 80% des mères - profitent d'un congé après la naissance de leur enfant. Lorsqu'ils osent profiter de ce droit, 70% ne le font que très peu de temps et retournent travailler au bout de seulement quelques jours de pause.
Particulièrement mal perçu dans le pays, le congé paternité n'est que peu appliqué. En 2019, deux jeunes papas ont dû poursuivre leurs employeurs pour discrimination et harcèlement moral suite à leur congé paternité.
En s'accordant cette petite pause, le ministre de l'Environnement espère devenir un modèle pour les futurs papas, qui n'osent pas profiter de leurs droits par crainte pour leur carrière. "À l'avenir, en tant que ministre, j'espère que la décision de prendre un congé paternité finisse par devenir la norme et ne fasse plus l'actualité. C'est ce que j'aimerais pour notre société dans le futur", a confié Shinjiro Koizumi en conférence de presse.
Sa démarche a largement été applaudie et notamment par Yoshihide Suga, porte-parole de l'exécutif, qui rappelle l'importance de "favoriser l'acceptation de la prise de congés paternité et inciter les intéressés à en faire la demande et à les prendre réellement."
Le Japon souffre aujourd'hui d'un très faible taux de natalité : 1,44 enfant par femme en 2016 alors que le taux de renouvellement naturel s'élève à 2,08. Parmi les facteurs pouvant l'expliquer, un coût de la vie très élevé - tout particulièrement pour les jeunes parents - et un taux de célibat important, 65% pour les 18-34 ans selon les chiffres de la RTBF.
La crainte de devoir faire une pause dans sa carrière et la pression liée au travail jouerait elle aussi, et décourageraient les couples de fonder une famille. Une tendance que le gouvernement nippon tente d'inverser en incitant les jeunes mères à reprendre leur activité professionnelle après une grossesse et en augmentant les places en crèche.