"J'ai cette chanson dans la tête depuis trois jours". C'est comme ça qu'une amie nous a fait découvrir "Quand c'est oui c'est oui". Ambiance années 80, body et maquillage criards, chorégraphie simplissime pour être facilement reproduite et des paroles de refrain qui restent dans la tête : "Quand c'est oui, c'est oui, et quand on ne sait pas, on garde ses doigts pour soi".
Le clip complètement ringard à première vue a même tourné sur des pages Facebook comme YoloMusique qui se moque des vidéos très artisanales des chanteur·ses Youtube.
Mais qui se cache derrière ce clip déjanté ? Figurez-vous qu'il s'agit d'une opération de communication destinée à un public jeune. Cette campagne rondement menée a été lancée par des spécialistes des questions de violences et de sexualité.
L'opération commando est apparue sur le site consentement.info début septembre, piloté conjointement par le Centre Ressource pour les Intervenants auprès des Auteurs de Violences Sexuelles (CRIAVS) d'Ile-de-France, les Hôpitaux Saint-maurice et l'association Une vie qui lutte contre les violences principalement faites contre les enfants.
L'équipe est partie d'un constat qu'elle explique dans un communiqué : "Après le temps de la libération de la parole, de la confusion et de la révolte, vient le temps de la co-contruction sereine." Avec cette chanson originale, ils et elles ont tenté "d'apporter un éclairage sur la notion de consentement à un acte sexuel et en offrant des conseils dans son application concrète et ses implications."
Alors pour sensibiliser les ados et les jeunes adultes et capter leur attention à l'heure des réseaux sociaux, consentement.info a misé sur "un ton informel, décalé, parfois irrévérencieux, mais toujours avec bienveillance et le souhait de sensibiliser à l'écoute et au respect mutuel". C'est parfaitement réussi. Le clip de la musique enregistre sur Youtube plus de 70 000 vues et plus de deux millions sur la page Yolomusique où il compte également 21 000 partages.
Après avoir effectué une enquête auprès de la cible, plusieurs questions récurrentes ont émergé et sur lesquelles la campagne est basée : "C'est quoi le consentement ?", "Comment dire stop ?", "A partir de quel âge est-ce que je peux consentir ?", "Comment expliquer le consentement ?", "Si j'ai pas dit non, est-ce que c'est un viol ?", "Comment savoir si c'est non ?".
Pour y répondre, ce sont plusieurs supports de communication qui ont été édités, comme des dépliants ou des vidéos d'explications très simples et drôles, faisant appel à la pop culture, aux films Disney, aux films, aux séries. Elles sont présentées par la psychologue clinicienne Chloé Teyssier Danguy. Elle y fait intervenir Nora Letto, elle-même psychologues cliniciennes et criminologue et Walter Albardier, médecin psychiatre membre du CRIAVS, Alice Chenu, psychologue et sexologue.
Derrière ses paroles très enfantines et le côté minimaliste et artisanal du clip, on retrouve toutes ces questions que peuvent se poser les ados sur le consentement : "Avant de tripoter il faut bien demander" ou "Avant de forniquer, il faut bien demander".
A un moment du clip, la chanteuse déguisée en princesse de conte de fées se regarde dans le miroir en chantant : "Coucher par politesse, c'est pas pour les princesses, mais coucher par envie, alors là je dis oui". Tout est dit.