Le coup d'envoi de la Coupe du monde de football 2022 sera donné au Qatar le 20 novembre prochain. Si ce n'est sans doute pas une femme qui donnera le premier coup de sifflet, nous pouvons nous réjouir de la présence de trois femmes arbitres sur les terrains pendant la compétition, une première historique.
Ainsi, Stéphanie Frappart, Salima Mukansanga, Yoshimi Yamashita, une Française, une Rwandaise et une Japonaise, devront veiller à ce que les règles du jeu soient respectées sur les pelouses. Stéphanie Frappart avait été la première femme à arbitrer des matchs masculins en Ligue 1, en Ligue des nations et en Ligue des champions.
Un symbole fort qui cache deux réalités décevantes : le monde du football et le Qatar sont extrêmement sexistes envers les femmes. Si cette décision d'intégrer des arbitres féminines à la Coupe du monde est à saluer, il est bon de rappeler qu'elles ne sont que trois à avoir été retenues sur les 36 arbitres qui officieront pendant le Mondial.
De plus, les arbitres féminines, comme les joueuses, sont sous-représentées et sous-payées. Elles gagnent ainsi quatre fois moins que leurs homologues masculins, rapporte Quotidien. Pour une finale de Coupe de France masculine, les arbitres touchent 3055 euros d'indemnités de match, alors que ces indemnités atteignent seulement 750 euros pour une Coupe de France féminine.
Cette annonce apparaît comme un bon coup de communication de la part de la FIFA et du Qatar : il faut dire aussi que ce pays très conservateur a besoin de redorer son image. En 2021, lors de la finale du Mondial des clubs, qui se déroulait dans l'émirat, des arbitres hommes et femmes avaient défilé devant le cheikh Joaan bin Hamad Al Thani pour récupérer leur médaille. Ce dernier avait refusé de saluer les femmes, relate SoFoot. Le Qatar avait alors évoqué "un simple malentendu".
Les supportrices ne sont pas mieux loties : elles seront soumises à des règles vestimentaires strictes, appelées à ne pas laisser voir leurs épaules ou leurs genoux et éviter tout contact physique avec des hommes, par "respect" pour les traditions du pays d'accueil. Pour autant, le Qatar tente par tous les moyens de montrer de la tolérance à l'égard des supportrices étrangères : il a ainsi annoncé que le statut marital ne sera pas exigé pour soigner les spectatrices pendant le Mondial.
L'Equipe révèle aussi que pendant la compétition, les femmes pourront signaler un viol, une agression sexuelle ou des faits de harcèlement sans risquer d'être poursuivies elles-mêmes par les autorités. Ces "fleurs" faites aux femmes en visite en disent long sur la politique du Qatar à l'égard de ses propres citoyennes.
Car les Qataries restent soumises à des mesures de tutelles floues, qui imposent la présence ou l'accord d'un homme jusque dans leurs activités quotidiennes et installent une surveillance permanente, comme le rapporte Human Rights Watch dans un rapport. Elles ne peuvent ainsi voyager et étudier à l'étranger, avoir accès à la contraception et se marier sans accord.