Elle est la dernière recrue de choix du Front National. Tamou-Charlotte Soula, 43 ans, aussi brune que Marine peut être blonde, a été nommée début septembre chef de cabinet de la présidente du Front National. Une ascension éclair pour cette ancienne UMP, qui, si elle peut faire des envieux au sein du parti d’extrême droite, devrait également séduire plus d’un désabusé de la droite classique et motiver des conversions. Une belle prise en effet, que cette ex-militante acharnée, qui est passée par toutes les arcanes de la droite républicaine, du RPR à l’UMP en passant par le Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de Villiers.
Née en Kabylie, fille d’ouvrier, Tamou Soula vit son enfance en banlieue, dans l’Essonne, avant de partir faire ses études d’histoire à Montpellier. Elle y rejoint le RPR, où Philippe Seguin la prend sous son aile. Au sein de cette nouvelle famille, elle milite avec conviction pour un retour aux frontières, à l’ordre, à l’autorité. Une fois son DEUG en poche, elle passe par différents cabinets ministériels, où elle travaillera aux côtés de François Fillon au ministère des Affaires sociales ou encore de Christine Lagarde. Elle compte parmi ses amis de longue date Henri Guaino – elle rencontre son actuelle femme Catherine Bachelier à l’école des cadres de l’UMP. L’ex-conseiller de Nicolas Sarkozy l’a même faite marraine de son fils en décembre dernier, avant qu’elle ne rejoigne l’ennemi.
Convertie au catholicisme, Tamou deviendra Tamou-Charlotte en 2006, puis Charlotte tout court sur les affiches de la campagne législative. Quand on lui demande si ce raccourcissement de patronyme était une demande du FN, elle assure que non. Mais explique qu’elle ne veut surtout pas être « perçue comme la Rachida Dati du FN, la beurette de service ».
Le Front National, elle y arrive par le biais de Florian Philippot, ex-directeur stratégique de campagne de Marine le Pen, qu’elle rencontre en 2009. Dégoûtée de l’UMP et du sarkozysme, qui ne lui laissent que peu de chances d’ascension face aux jeunes loups du parti surdiplômés, Charlotte Soula se rapproche de « Marine » et se laisse séduire. Son long passé de militante et ses connaissances des cabinets font d’elle une prise de choix pour le Front National, qui la parachute dans le bassin minier de la 12e circonscription du Pas-de-Calais, à Liévin, pour les élections législatives de 2012. Une investiture dont elle s’est dite « honorée ». Elle y remporte le premier tour de justesse, avant d’être vaincue au second par le socialiste Nicolas Bays.
Alors que le FN fait de larges appels du pied à tous les cadres, élus et militants de la droite, potentiels déçus de l’UMP, la conversion de Mme Soula est du pain béni pour le parti d’extrême droite. Dans une interview sur Public Sénat, Marine Le Pen soulignait d’ailleurs : « le parcours de Charlotte Soula est un parcours que je retrouve beaucoup récemment au sein du Front National. Des gens qui ont définitivement perdu tout espoir dans les promesses de l’UMP » et « qui n’ont aucun espoir dans la nouvelle direction ». Les cadres du parti voient en elle la première d’une longue lignée. Et compte bien sur son image de jeune femme d’origine étrangère décomplexée pour attirer de nouvelles recrues.
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