Au mois de mars 2015, la majorité des candidats au départ pour le djihad, en Syrie et en Irak, étaient des candidates. En effet, selon une information révélée par BFMTV ce mercredi 15 avril, quelque 136 jeunes filles, désireuses de rejoindre les combattants de l'Etat islamique sur le front irako-syrien, ont été signalées aux autorités françaises le mois dernier contre 125 signalements d'hommes. Une première depuis la mise en place en avril 2014 par le gouvernement de la plateforme à destination des familles souhaitant alerter les autorités de la radicalisation d'un de leurs proches.
"Il y a une implication importante des femmes et c'est un phénomène nouveau par son ampleur", a précisé le préfet Pierre N'Gahane, secrétaire général du Comité interministériel de prévention de la délinquance, mardi, lors d'une conférence de presse. Cette féminisation des recrues de Daesh serait liée à la nouvelle ligne suivie par la propagande de l'Etat islamique, visant de plus en plus les femmes avec des vidéos conçues pour les séduire.
En témoigne "Le journal de Mouhajira" (comprendre "Le journal d'une émigrée", ndlr), tenu par une jeune femme qui serait partie l'an dernier de Glasgow pour rejoindre la Syrie et "devenu l'un des principaux outils de propagande féminie de l'EI", explique Metronews. "Ici, pas de loyer à débourser. Les maisons sont gratuites. Nous ne payons ni l'eau, ni l'électricité. En plus, nous recevons chaque mois un colis de nourriture, avec des spaghettis, des pâtes, des boîtes de conserve, du riz et des oeufs", y écrit notamment la jeune femme.
Une vision idyllique à des années lumières de la réalité du quotidien des femmes au sein du "califat". Mariées à un combattant, parfois même avant de partir, "elles sont séquestrées", explique à BFMTV Dounia Bouzar, anthropologue du fait religieux. "Dès lors que les djihadistes se rendent compte qu'elles ont pris conscience de la réalité, ils vont les surveiller deux fois plus", poursuit-elle. Et de conclure : "Aucune mineure n'a réussi, pour le moment, à rentrer vivante".
Loin des images monstrueuses de décapitations, Daesh fait miroiter aux jeunes femmes amour, famille et hébergement gratuit pour toutes les candidates qui se laisseraient séduire par un départ vers le "califat" autoproclamé de 200.000 km2 contrôlé par les combattants de l'Etat Islamique.
Depuis un an, quelque 3.670 cas de départs pour le djihad ont été signalés. Aujourd'hui, 434 Français ou ressortissants français présents sur le front irako-syrien ont été formellement identifiés. Parmi eux, 70 mineures françaises qui seraient mariés à des combattants de Daesh.