Il s'en est fallu de peu. Le 14 mai dernier, 25 députés américains approuvaient en Alabama l'un des textes de loi les plus répressifs en matière d'avortement : celui-ci prévoyait une interdiction totale de l'IVG, peu importe le stade de la grossesse. Assimilé à un homicide, l'avortement n'aurait pu être possible qu'en cas de d'urgence vitale pour la mère ou d'anomalie létale du foetus. Pour dissuader les médecins de pratiquer des IVG clandestines, le texte de loi prévoyait une peine particulièrement lourde, allant de 10 à 99 ans de prison.
Sauf qu'aux États-Unis, le droit à l'avortement est protégé à l'échelle du pays depuis 1973 par l'arrêt Roe vs. Wade. Celui-ci reconnaît le droit des femmes à interrompre leur grossesse tant que le foetus n'est pas viable. Un législation que ne respecte pas le texte voté en mai dernier en Alabama, qui "viole clairement la jurisprudence de la Cour suprême" et "la Constitution" des Etats-Unis, a estimé le juge Myron Thompson. Celui-ci a décidé ce mardi (29 octobre) de bloquer l'entrée en vigueur du projet de loi, initialement prévue en novembre, en attendant un examen plus approfondie du dossier, souligne Le Nouvel Obs.
Avec ce projet de loi, l'Alabama rejoignait la longue liste des États conservateurs américains à vouloir réduire drastiquement le droit à l'IVG. En 7 mai dernier, l'État de Géorgie votait en faveur d'un texte interdisant l'IVG dès le premier battement de coeur du foetus, qui peut intervenir dès la 6e semaine de grossesse.
Si, comme en Alabama, de tels projets de loi ne peuvent - théoriquement - se concrétiser à l'heure actuelle en raison de l'arrêt Roe vs. Wade, les députés en faveur d'une interdiction de l'IVG y voient surtout un moyen de pousser la Cour suprême des États-Unis à intervenir. Désormais à majorité républicaine, celle-ci pourrait alors remettre en question l'arrêt Roe vs. Wade et interdire ainsi le droit à l'avortement dans l'ensemble du pays.
Donald Trump n'a jamais caché sa position en ce qui concerne l'avortement et, en mai dernier suite au vote de l'Alabama, il écrivait sur Twitter : "Comme la plupart des gens le savent, et pour ceux qui aimeraient le savoir, je suis profondément pro-vie, à trois exceptions près - viol, inceste et protection de la vie de la mère - la même position que celle adoptée par Ronald Reagan."
Le droit à l'IVG reste aujourd'hui acquis aux États-Unis, mais cela pourrait prochainement évoluer si la Cour suprême venait à s'emparer du dossier. Une situation critique qui nous rappelle les mots de Simone de Beauvoir : "N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant."