Un peu plus de quarante ans après l'adoption de la loi Veil, trouver le bon praticien et le bon établissement est encore souvent compliqué pour les quelque 220 000 femmes ayant recours à une interruption volontaire de grossesse (IVG) chaque année en France. Entre fermetures de centres pratiquant l'avortement (130 en l'espace de dix ans, d'après le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes) et la résurgence d'un discours réactionnaire, faire valoir le droit à disposer de son corps s'apparente bien des fois à un véritable chemin de croix.
C'est pourquoi la ministre de la Santé, Marisol Touraine a officiellement lancé, ce lundi 28 septembre, la campagne d'information "Mon corps, mon choix, mon droit". "Le message de cette campagne est clair : il n'y a rien de honteux à exercer ses droits, cela s'affirme et cela s'assume", a expliqué la ministre. Principale annonce formulée ce matin : la création d'un numéro national gratuit* pour une meilleure information des femmes sur l'IVG. "Je considère que le droit à l'avortement est un droit fondamental des femmes. Avec ce numéro national (...), j'ai voulu dire aux femmes qu'elles peuvent décider librement de ce qu'elles font de leur corps. Il est important de le réaffirmer : pas de jugement, pas de pression, pas de désinformation"
Ce nouveau service est accessible 6 jours sur 7, du mardi au samedi de 9h à 20h et le lundi de 9h à 22h. "100 écoutants répartis sur le territoire qui connaissent parfaitement le terrain, les bonnes adresses" permettront "à toutes les femmes quel que soit le lieu de leur domicile, d'avoir une information claire, objective et bienveillante", assure Véronique Sehier, coprésidente du Mouvement français pour le Planning familial.
La campagne est également axée sur une refonte du site www.ivg.gouv.fr, où de nouveaux contenus sont consultables, et sur des visuels mis à disposition des établissements et professionnels de santé ainsi que des associations accueillant des femmes en demande d'IVG. Cette opération de sensibilisation sera enfin relayée, durant deux mois, sur les réseaux sociaux.
Des mesures qui s'inscrivent dans la continuité des actions déjà engagées pour améliorer l'accès à l'IVG, telles que le remboursement à 100% des actes liés à l'avortement par l'assurance maladie ou encore la suppression de la notion de "situation de détresse" pour justifier une demande d'avortement et la récente extension de la définition du délit d'entrave à l'iVG. Un accès qui pourrait être encore favorisé par les mesures comprises dans le projet de loi de modernisation du système de santé, actuellement examiné au Sénat. Le texte prévoit d'autoriser les sages-femmes de pratiquer des IVG médicamenteuses et aux centres de santé de pratiquer les IVG instrumentales. Le délai de réflexion de 7 jours entre les deux consultations médicales, actuellement en vigueur, serait quant à lui supprimer.
*Numéro vert d'information sur l'IVG : 0 800 08 11 11