« Qu’est-ce que le mariage homosexuel va enlever aux couples hétérosexuels ? », questionne Christiane Taubira lors de son discours à l’Assemblée nationale, mardi 29 janvier, pour l’ouverture du débat sur le mariage pour tous. Le camp socialiste lui répondant par la négative absolue, elle enchaîne : « Alors s’il n’enlève rien, nous allons poser des mots sur des sentiments ». La ministre de la Justice a donc lancé officiellement le travail parlementaire sur le projet de loi et les quelque 5300 amendements déposés. La première journée a été particulièrement animée tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Assemblée nationale puisque l’institut Civitas, farouchement opposé au projet de loi, a convié ses membres et les sympathisants à une grande prière derrière les locaux. L’occasion pour Le petit journal de Canal+ de relever des perles, ici, la citation d'une femme : « Les enfants, c’est pour un homme et une femme. Ce n’est absolument pas pour des homosexuels. Je trouve ça diabolique et monstrueux ».
Erreur de timing ou volonté délibérée d'évacuer les sujets de société dans le même temps ? La GPA s'est invitée dans le débat en début de semaine par l’intermédiaire d’une circulaire envoyée vendredi 25 janvier par Christiane Taubira aux tribunaux d’instance. La garde des Sceaux demande expressément aux autorités concernées de délivrer des certificats de nationalité française aux enfants nés d’une mère porteuse à l’étranger. L'UMP s’insurge, le président du groupe à l’Assemblée Christian Jacob en tête. Sur Europe 1, mercredi 30 janvier, il fustige la location des « ventres de femmes ». Des propos complétés par le député Daniel Fasquelle qui assure dans Le Figaro que « le gouvernement avance masqué depuis le début. Alors qu'il jure qu'il ne saurait être question d'accepter la PMA et la GPA, c'est tout l'inverse dans les faits… »
Mercredi soir, les débats s’éternisent, Christian Assaf, député socialiste de l’Hérault, se lance et… dérape : « Le temps du triangle rose est terminé ». En faisant référence au signe distinctif des homosexuels dans les camps de concentration nazis pendant la Seconde guerre mondiale, l’élu du PS s’attire les foudres de la droite. Hervé Mariton, prompt à réagir, demande un rappel au règlement et se moque de son collègue en le comparant à George Frêche.
Quand elle intervient dans l’Hémicycle jeudi 31 janvier, la députée socialiste Sylviane Alaux raconte son histoire personnelle : « Mon fils vit avec l’homme qu’il aime. Il a choisi la liberté de dire, d’affirmer, de montrer ce qui fait son bonheur et de le vivre. Il reste mon fils ». Pas de quoi tirer des larmes à Philippe Gosselin de l’UMP qui met en garde ses collègues parlementaires : « Peut-être faudrait-il faire attention à ne pas faire assaut de tranches de vie, si respectables soient-elles ».
Jean-Pierre Door, député de l’UMP, à bout d’argument pour justifier sa position non homophobe mais contre le mariage gay, déclare finalement vendredi 1er février : « Dire que l’institution du mariage peut concerner deux personnes du même sexe, c’est comme dire soudain que le Père Noël est une femme ». La ministre de la Famille Dominique Bertinotti, interloquée par de tels propos, n’a pas tardé à réagir sous les huées de l’opposition : « Je ne savais pas qu'on allait discuter du sexe du père Noël mais mon collègue Alain Vidalies est très rassuré d’enfin savoir quel est le sexe du Père Noël ».
Reprise des débats à l'Assemblée nationale et, à coup sûr, nouveau florilège de phrases marquantes et inattendues dès la semaine prochaine.
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