A l'origine, l'appel à signature et le manifeste de l'asso Water Family visaient à pousser le sujet urgent de l'écologie dans les débats de l'élection présidentielle. Après un premier tour qui a exclu les candidat·es les plus porté·es sur le sujet de la course, il est d'autant plus essentiel d'en rappeler les axes et les propositions. Et la principale est la suivante : faire de l'écologie une matière enseignée à l'école.
"Nous savons que c'est principalement entre 0 et 12 ans que l'enfant construit sa conscience et ses valeurs tout en passant 90% de son temps à l'école", affirme Water Family. "De plus, moins d'un lycéen sur trois dispose d'un socle de connaissances approfondies sur l'écologie et le changement climatique". Inculquer ces notions permettrait assurément de "développer la conscience de l'enfant sur les relations entre les êtres vivants et l'accompagner sur l'adaptation aux changements climatiques ".
La campagne encourage à ce que "l'écologie constitue une matière à part entière, mais qu'elle devienne également un enseignement transversal à l'ensemble des disciplines que suivent les élèves, et ce tout au long de leur scolarité".
Un programme que plus de 1 700 personnes soutiennent actuellement, dont Gilles Boeuf, porte-parole de l'organisme, professeur de biologie à Sorbonne Université et ancien Président du Muséum national d'histoire naturelle.
Auprès de L'Info Durable, le spécialiste décrit plus concrètement comment ce projet pourrait être mis en place, par exemple avec des maternelles. "Il faudrait d'abord les emmener sur le terrain. L'enseignement des sciences de la vie ne se fait pas uniquement dans les salles de classes. Les élèves doivent par exemple, explorer des falaises pour trouver des fossiles et se rendre compte qu'il y avait la mer là où ils vivent aujourd'hui. Il faut amener les enfants à réfléchir à ce qu'ils sont."
Gilles Boeuf souligne encore : "On apprend aux enfants à lire et à compter, puis ils apprennent l'Histoire, la Géographie, la Physique, la Chimie et la Biologie. Il s'agirait donc de dire à nos enfants dès leurs plus jeunes âges qu'ils font partie du vivant. Aujourd'hui, l'humain à oublié qu'il était vivant. Il s'en rappelle seulement lorsqu'il est malade et qu'il souffre. Nous sommes vivants, nous sommes la biodiversité." Et d'insister : "C'est le rôle du scientifique de dire que l'écologie doit être une discipline fondamentale au même titre qu'apprendre à lire et à compter."
D'autant plus fondamentale au vu du dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), qui annonce un délai de 3 ans pour agir afin d'assurer un avenir vivable à la planète et ses habitant·es.
Cette réalité, plusieurs signataires d'une tribune parue dans Le Monde lundi 11 avril la soulèvent également. "Ajouter aux programmes des touches d'éducation au développement durable ne suffira pas. Il faut constituer des projets globaux sollicitant tous les savoirs dans le cadre de démarches collectives, théoriques et pratiques, en classe comme en pleine nature, de la maternelle à la terminale. Autrement dit, ce qui est optionnel, insaisissable et inévaluable aujourd'hui doit devenir central et structurant. Il faut aider à l'émergence par l'école et par le débat démocratique de générations bioéclairées plutôt que biodégradées."
Alors, à quand de réelles mesures avant qu'il ne soit trop tard ?