Ah, la parentalité ! Avant l'arrivée du premier bébé, on est persuadé·e de la façon dont on souhaite éduquer nos enfants. On en a, des convictions, des idées sur comment on appréhendera telle ou telle phase, tel ou tel caprice, telle ou telle étape de vie pour en faire des adultes équilibrés. On pourrait même écrire un bouquin tellement on en a bouffé, des livres dédiés.
Et puis, vient la naissance. La rencontre, le chamboulement, et les premiers pas dans un univers qu'on découvre beaucoup plus bordélique que ce qu'on aurait pu imaginer. Le tout avec toujours beaucoup d'amour.
Nous qui pensions transmettre tout notre savoir à ce petit être, lui inculquer des valeurs qui nous sont chères, des habitudes à prendre, une philosophie à adopter, on est finalement un peu dépassé·e. Et pour cause, il s'avérerait que c'est l'opposé qui se produit : c'est nous, en fait, que notre progéniture va changer.
Ça se met en place dès la conception et l'annonce de la grossesse. La préparation à l'accouchement, de l'appartement, de la chambre, les multiples achats à effectuer pour s'occuper d'un humain de moins de 55 cm... Tout tourne d'un coup autour de l'enfant à venir, et plus autour de soi ou de son couple. Jusqu'à ce qu'il débarque et que ça s'intensifie.
Les pleurs, les changes, les biberons, les tétées, les nuits, la diversification, les bêtises, les rhumes. Le salon enseveli sous les jouets. Les sorties avec les potes qui s'annulent. Les conversations qui virent de "t'as pensé quoi du dernier Wes Anderson ?" à "et vous, vous préférez les couches Lupilu ou Pampers ?" quand on réussit finalement à se retrouver autour d'un café.
Niveau éducation, si on croyait jusqu'ici maintenir le cap de nos certitude, on les adapte en réalité plutôt à sa personnalité à lui ou elle. C'est en tout cas ce que démontre une étude scientifique menée par le National Center of Biotechnology Information sur le rôle parental.
Pour parvenir à leurs résultats, les chercheurs et chercheuses ont analysé le comportement de 1 000 parents et enfants sur plusieurs années. D'abord à l'âge de 8 ans, puis cinq ans plus tard, à l'âge de 13 ans. A chaque fois, petit·e·s et grand·e·s ont été questionné·e·s sur différents sujets. Bilan : les enfants ont une plus grande influence sur leurs parents que l'inverse. Un phénomène appelé "parentalité bidirectionnelle", traduit Slate. A noter que cette influence grandirait avec le temps, et serait particulièrement forte à l'adolescence.
Au contraire, ce serait plutôt rassurant, affirme dans un article pour la BBC la journaliste scientifique Melissa Hogenboom. Elle écrit en outre qu'être conscient·e de l'impact qu'iels ont sur nous permet d'être moins stressé·e à l'idée de prendre des décisions les concernant qu'on craindrait irréversibles. Et la généticienne Danielle Dick de rappeler dans le même papier "Nos enfants ne sont pas des ardoises vierges. Ils ont tous leurs propres dispositions génétiques." On lève le pied sur la culpabilisation, donc.
Selon une autre enquête parue en 2016 et rapportée par le média, les thématiques sur lesquelles la prunelle de nos yeux influerait principalement (le style, la façon de conduire ou encore l'engagement écologique) gagnent de toute façon à évoluer avec les nouvelles générations. Alors, c'est pour le mieux ?