Au micro de France Bleu ce 7 juin, la Première ministre Élisabeth Borne a dialogué avec Dolorès, femme en situation de handicap. Celle-ci lui a demandé si le gouvernement souhaitait déconjugaliser l'allocation aux adultes handicapés (AAH), enjeu majeur de ce nouveau quinquennat.
Pour rappel, les personnes handicapées dont le conjoint ou le conjointe gagnent plus de 1 020 euros net par mois bénéficient d'une allocation de 903 euros maximum. Mais pour cela, le conjoint ou la conjointe ne doit pas gagner plus de 1 625,40 euros par mois. En outre, pour bien des associations, cette mesure met la personne concernée "à la merci" de son conjoint ou sa conjointe. Bien des voix en appellent donc à la "déconjugalisation".
"J'ai fait la demande d'AAH mais dans la mesure où mon époux touche 1800 euros par mois, on me dit que je n'ai droit à rien car il dépasse le plafond. J'ai rien. Si je n'ai pas mon époux aujourd'hui, je serais dans la rue quoi", a confié Dolorès à l'adresse d'Elisabeth Borne sur les ondes de France Bleu.
Tout en exprimant son émotion, la Première ministre a rétorqué : "Il y a aussi la façon dont on peut vous accompagner pour que vous puissiez peut-être reprendre une activité professionnelle, j'imagine que c'est quelque chose que vous pourriez souhaiter... et il y a des structures dont c'est la responsabilité".
"J'adore quand madame le Premier ministre dit de reprendre une vie professionnelle. Vous savez, quand vous êtes en fauteuil...", a réagi en retour Dolorès. "Peut-être ce n'est pas le moment de parler de cette hypothèse de reprise de l'activité professionnelle", a alors répondu après quelques hésitations Elisabeth Borne.
Un échange qui a beaucoup fait réagir sur les réseaux sociaux.
"Comment réagir devant tant de distance avec la réalité de la part d'une Première ministre ?", "Effectivement, le calcul de cette allocation devrait être revu. Car on ne choisit pas d'être handicapé, mais on le subit", "Où est passé le coeur de Mme Borne ?", "Déjà, chercher du travail est un vrai parcours du combattant. Quand on a du mal à se déplacer, c'est éreintant", "C'est du mépris pur", ont notamment réagi les internautes.
Du côté de l'opposition également les réactions ne se sont pas faites attendre. Le leader communiste Fabien Roussel notamment s'est exprimé : "Glacial. Dolorès, en fauteuil roulant, souhaite la déconjugalisation de l'AAH pour retrouver son indépendance. Elisabeth Borne, insensible, lui répond qu'elle n'a qu'à retrouver du travail...". " "C'est l'histoire d'une rencontre avec un bloc de glace", a tweeté de son côté Olivier Faure, premier Secrétaire du Parti socialiste.
Durant sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron s'était dit favorable à la déconjugalisation de l'Allocation adulte handicapé. Le président réélu avait annoncé le 15 avril dernier sur Franceinfo : "On va bouger", sans pour autant détailler de calendrier ou de mesure précise. Ce bad buzz de la Première ministre fera-t-il bouger les lignes ?