Jamie Alexander vient de Toronto, et il est le père comblé de Ruby, petite fille transgenre de 12 ans. Ruby a entamé sa transition à l'âge de 9 ans, et si sa famille lui a toujours apporté le soutien et l'espace nécessaire pour qu'elle puisse être qui elle est, certains détails extérieurs rendent son quotidien plus compliqué que pour ses camarades cisgenres. Notamment, l'impossibilité de trouver un maillot de bain adapté à son genre et à son corps.
Devant la difficulté que cet achat, qui devrait pourtant se dérouler sans encombre, représentait pour sa fille, Jamie Alexander a décidé d'agir. Et de créer une collection de bikinis adaptés aux enfants et ados trans et non-binaires.
Après des mois de recherche et de conversations avec d'autres parents dans son cas, l'entrepreneur et ancien employé de start-up dans le domaine de la high-tech lance la marque Rubies, en février 2020, du nom de sa fille. "Je voulais concevoir des vêtements qui ont la même sensation et la même apparence que ceux que portent les amis cisgenres de ma fille", confie-t-il à Insider.
Il développe alors un premier modèle : le Ruby Shaping Bikini Bottom. Un bas disponible en tailles enfants de 4 à 24 ans, dont la description indique qu'il est fabriqué à partir de "spandex et maille". Mais aussi conçu de manière à ce qu'il n'y ait "pas besoin de coque", selon le site web de la marque.
"Tout ce que j'ai vu était fortement marqué pour les personnes transgenres et avait un coussin matelassé sur le devant. Ils ne ressemblaient pas à des bikinis normaux", déplore le père. "Je voulais créer un vêtement qui ressemble à un bikini normal et une marque qui résonne avec les enfants, et pas seulement avec les enfants trans." Et à en croire Jessica Herthel, co-autrice du livre pour enfants I Am Jazz, écrit avec l'activiste transgenre Jazz Jennings, c'est réussi (et surtout indispensable).
"Un vêtement comme le maillot Rubies peut changer la donne pour les enfants transgenres et les enfants genres-créatifs", estime l'écrivaine auprès de Today. "Le fait de pouvoir faire quelque chose que la plupart d'entre nous considérons comme acquis, à savoir aller nager sans craindre d'être dévisagés, taquinés ou même pris pour cible, peut donner à un enfant un sentiment de normalité et d'appartenance".
Ruby, elle, joue une part importante dans la communication autour du label, rapporte Insider. Elle teste également chacune des pièces et aucune n'est mise en vente avant qu'elle n'ait donné sa validation. Une façon de s'assurer de l'utilité et de la praticité du produit, qui connaît un véritable succès auprès de ses client·e·s.
"Savoir que ces enfants ont pu reprendre leurs activités et se sentir à l'aise en portant des Rubies, beaucoup d'entre iels les portant sous des leggings, c'est ce dont je suis le plus fier", s'émeut Jamie Alexander. Une initiative qui mériterait clairement de s'exporter.