Greenpeace a du mal à décolérer depuis le rejet, lundi 2 mars, de sa campagne publicitaire dans les transports en commun. A Paris, la principale régie publicitaire du réseau SNCF RATP, Mediatransports, a refusé d'autoriser sa diffusion. La cause ? Un message "trop politique", d'après l'agence. "En tant que régie publicitaire intervenant sur le domaine d'entreprises publiques que sont la SNCF et la RATP, nous ne sommes pas autorisés à diffuser des campagnes à caractère politique", explique Alexandra Lafay, directrice de la communication à Mediatransports, à 20 Minutes. "De la même manière, un politique ne pourra pas faire de publicité dans le métro en marge d'une élection ou pour interpeller le public sur un sujet d'actualité comme celui des retraites."
En effet, Greenpeace, en collaboration avec l'Agence Strike, s'attaque directement aux discours toujours plus éloquents des dirigeants politiques sur le réchauffement climatique, pour dénoncer l'inaction systématique qui s'en suit. Une indignation justifiée qui a cependant été boudée... pour laisser la place à des pubs pour voitures notamment.
"Les pubs pour les SUV ou le transport aérien, c'est bon, mais interpeller nos décideurs politiques sur l'urgence climatique, c'est interdit...", déplore l'ONG. Sur Twitter, l'association s'interroge : "[Cette pub] ne fait que rappeler sur qui reposent les principales responsabilités, à l'heure où le public place le climat en tête de ses préoccupations. (...) Demander aux politiques d'agir pour le + grand péril de l'humanité serait devenu subversif ?"
L'organisation y publie un film de 60 secondes qui illustre la campagne. On y voit plusieurs événements causés par la crise environnementale - et plus indirectement, l'humain - dont découlent les mots "bla bla", sur fond de monologues pleins de promesses de Nicolas Sarkozy, François Hollande ou encore Emmanuel Macron, qui sonnent bien faux à côté de ces images. Des banquises qui s'écroulent, des incendies qui se propagent, des tempêtes incontrôlables qui balayent les paroles creuses des puissants.
"Dans un contexte où les alertes scientifiques se succèdent pour expliquer que nous sommes la dernière génération à pouvoir agir, il est surprenant de constater que Mediatransports considère des affiches rappelant l'urgence climatique comme indignes du métro parisien, alors que les compagnies aériennes par exemple y développent des campagnes d'ampleur, incitant les voyageurs à prendre l'avion comme d'autres prennent le métro", s'indigne Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.
A Lyon, Toulouse, Bordeaux et Montpellier en revanche, la campagne aura bien sa place dans les encarts du tram et du métro.