"Il était temps". Aux journalistes de The Atlantic, l'astronaute américaine Nicole Stott, aujourd'hui à la retraite, exprime son enthousiasme après des années de galère dans l'espace. Car encore aujourd'hui, à bord de la Station spatiale internationale (ISS), les besoins sont divisés en deux étapes : uriner et déféquer, expose le média américain.
Les astronautes urinent ainsi dans un entonnoir portatif et défèquent dans un appareil qui ressemble à une version plus petite d'un siège de toilettes traditionnel. Un ventilateur à l'intérieur de chaque appareil aspire les déchets hors du corps, une fonction importante dans un environnement où tout flotte. L'urine est transformée en eau le lendemain, tandis que les excréments sont comprimés dans un conteneur amovible et finalement envoyés sur un vaisseau spatial spécial pour déchets qui brûle dans l'atmosphère "à la manière majestueuse d'une étoile filante", ironise le journal.
Un système désavantageux pour les femmes, de plus en plus présentes là-haut, pour qui les deux fonctions corporelles peuvent être plus difficiles à séparer, souligne l'article. Pendant des années, elles ont ainsi dû se positionner soigneusement au-dessus de la cuvette, échangeant des conseils avec leurs collègues sur les meilleures pratiques et tentant de se contenter d'un matériel qui n'a pas été conçu pour leur corps.
"Ma blague sur le fait d'aller aux toilettes dans l'espace est la suivante : vous le faites comme vous le faites [sur Terre], mais beaucoup plus prudemment parce que vos erreurs vous suivront partout", plaisante Kathryn Sullivan, la première Américaine à avoir marché dans l'espace, en 1984.
Mais cette période est (bientôt) révolue. Et ce, grâce aux toilettes les plus chères de l'Univers - littéralement.
La Nasa a dépensé 23 millions de dollars pour son "système de gestion universelle des déchets". Une version unisexe plus légère, plus petite et plus facile à entretenir, qui a été imaginée en collaboration avec les premières concernées.
"Les femmes astronautes étaient tout à fait capables d'utiliser les toilettes avant", précise Melissa McKinley, responsable du projet à la Nasa. Mais la nouvelle version, dit-elle, s'adapte "à notre anatomie et à notre façon d'uriner". Celle-ci leur permet également de se positionner pour les "opérations doubles", comme les ingénieur·e·s les surnomment, ou de se débarrasser de l'urine et des excréments en même temps. "Notre objectif était de leur faciliter la tâche si elles choisissaient de faire les deux", poursuit l'experte.
Kathryn Sullivan se souvient du dispositif des années 80 : "Personne ne pouvait faire [les deux] avant. On avait essentiellement deux modes différents et on avait à mettre en place les choses un peu différemment selon que vous deviez faire pipi ou caca. Les femmes ne s'assoient pas pour faire pipi en apesanteur".
Une petite révolution, donc, qui prend en compte que, si les hommes y sont encore majoritaires, les femmes ont tout autant leur place dans l'espace. Et à ce propos, aussi réjouissante et essentielle soit cette innovation, espérons que les prouesses scientifiques de ces dernières fassent davantage parler que leur passage au petit coin.