"La loi sur les droits civils protège désormais les travailleurs gays et transgenres : et oui, les mêmes droits pour tous !". Elles sont très nombreuses les voix enthousiastes, comme celle de Barbra Streisand, à saluer la dernière décision de la Cour suprême. Les neuf juges qui constituent l'institution emblématique du pouvoir judiciaire aux Etats-Unis ont effectivement délivré un verdict essentiel ce 15 juin : licencier un·e salarié·e en raison de son orientation sexuelle ou de son identité de genre sera désormais illégal.
Pour le média américain NBC, c'est là un grand événement juridique et social, d'autant plus que la validation du vote n'est passée qu'à six voix contre trois. De plus, rappelons que le juge assesseur de la Cour suprême des États-Unis, Neil Gorsuch, est un fidèle du président Donald Trump - un politicien pas vraiment connu pour son respect des droits de la communauté LGBTQ. Un profil ouvertement conservateur qui n'a pourtant pas empêché ce que le Washington Post définit comme "un triomphe pour la dignité".
Certes, on pourrait se dire qu'il est plutôt déprimant de voir une mesure aussi logique et anti-discriminatoire n'être votée qu'en 2020. Mais rappelons que la loi fédérale de 1964, c'est à dire celle qui interdit les discriminations "en raison du sexe", ne s'appliquait jusqu'alors pas toujours - selon les tribunaux - aux personnes homosexuelles et transgenres, autrement nommées "minorités sexuelles". Une avancée certaine, donc.
"Un employeur peut-il licencier un·e salarié·e juste parce qu'il ou elle est homosexuel ou transgenre ? La réponse est claire : la loi l'interdit", a prononcé la Cour. Pour l'avocat Tom Goldstein, ces mots n'ont rien d'anecdotique. Non, il s'agit "d'une victoire massive".
Une fierté d'autant plus forte qu'elle fait suite à un grand nombre d'injustices sociales. Le licenciement abusif du citoyen américain Gerald Bostock par exemple, salué année après année au sein de sa profession (coordinateur du bien-être de l'enfance) mais purement et simplement renvoyé pour avoir rejoint sur ses heures libres une équipe de softball gay.
"En quelques mois, j'ai été licencié pour avoir été gay. J'ai perdu mon gagne-pain. J'ai perdu mon assurance médicale et je me remettais tout juste d'un cancer de la prostate à l'époque. C'était dévastateur", avait-il alors déploré à la radio publique NPR. Un témoignage accablant.
L'actualisation de la loi fédérale de 1964 devrait à l'avenir mettre fin à ce genre de situations inacceptables. Une évolution nécessaire pour le "monde d'après".