Le cas de figure est typiquement américain. Outre-Atlantique, sur de nombreuses routes, une voie située tout à gauche est estampillée "car pool", et réservée aux véhicules amenant plusieurs occupant·es à bon port. Des familles, des collègues de bureau, des ami·es, des covoiturages. Moins fréquentée, elle permet d'aller plus vite et incite les usager·es à privilégier les trajets accompagné·es. Mais voilà, gare à celles et ceux qui l'emprunteraient solo : une amende de 215 dollars (211 euros) est prévue pour les fraudes.
C'est ce qu'a constaté malgré elle Brandy Bottone, une Texane arrêtée par la police de Dallas pour avoir roulé seule sur ladite portion de route. D'après le Washington Post, la conductrice a laissé l'agent inspecter son véhicule, puis a répondu à son interrogation sur le nombre de passager·es à bord : "Je lui ai dit: 'Oh, il y a juste nous deux.' Et il a répondu: 'Où ça?'" La jeune femme enceinte de 34 semaines au moment des faits a alors pointé son doigt en direction de son ventre.
"J'ai affirmé que c'était un enfant vivant, et c'est le cas si l'on en croit tout ce qui s'est dit autour de l'abrogation de Roe v. Wade", a poursuivi Brandy Bottone au média américain. En effet, en conséquence de la révocation par la Cour suprême de l'arrêt qui garantissait le droit à l'avortement, le code pénal texan reconnaît désormais les foetus comme des personnes. Seulement, cette juridiction n'est pas en accord avec le code des transports du même Etat, qui estime quant à lui qu'il doit y avoir dans la voiture "deux corps en dehors d'un corps" pour avoir accès à la voie en question.
"Les lois ne parlent pas toutes la même langue, c'est très confus", pointe celle qui considère cette verbalisation comme une injustice. Et si son geste aurait pu incarner une brillante revendication militante - en soulignant les contradictions évidentes de ces lois liberticides - il n'en est rien.
Certes, la Texane a expliqué qu'elle pensait que les femmes devraient pouvoir choisir ce qu'elles font de leur corps... puis a tenu à préciser : "Ça ne veut pas dire que je suis pro-choix". Là aussi, c'est confus. Et d'ajouter : "Je ne conduisais pas dans cette voie à cause de Roe v. Wade, mais juste parce qu'il s'agissait de moi et d'une autre personne." Soit.
Le procès donnant suite à la contestation de son amende aura lieu le 20 juillet prochain.