Paris a rejoint hier le club très fermé des pays européens qui bénéficient de rendements négatifs. Elle a emprunté hier 3,917 milliards d'euros à un taux de -0,005% pour des titres de dette à échéance le 11 octobre. Elle a également levé 1,993 milliard d'euros à un taux de -0,006% pour des placements à échéance le 27 décembre. Ce qui signifie schématiquement que les investisseurs acceptent de payer pour prêter de l’argent à la France. Et dans la mesure où les rendements évoluent à l'inverse des cours, cette faiblesse des taux signifie que jamais le prix des obligations n'a été aussi élevé. Autrement dit, la demande bat des records.
Selon Patrick Jacq, stratégiste obligataire pour BNP Paribas, « cela prouve qu'en ces temps de turbulences financières, la France fait figure de pays sûr ». Car même si la France connaît une croissance très faible de son économie, elle n’est pas en récession, contrairement à certains pays d’Europe du Sud. Pour 2012, le gouvernement français prévoit une progression du PIB de 0,3%, là où l'Espagne devrait voir son économie se contracter de 1,7% et l'Italie de 2%. Pour Jean-François Robin, stratégiste chez Natixis « Les investisseurs doutent de la capacité de ces deux pays à assainir leurs finances publiques vu la dégradation de leur situation économique » et cette défiance profite donc mécaniquement au « noyau dur » de la zone euro.
Et selon les analystes, la baisse des taux d'emprunt payés par Paris est amenée à se poursuivre. Les investisseurs sont en effet « obligés de détenir dans leur portefeuille des actifs notés « triple A » (la meilleure note possible) par les agences de notation. Or ces placements ne sont plus si nombreux » explique Jean-François Robin. Et la dette de la France est encore notée triple A par deux des trois grandes agences de notation (Moody's et Fitch). Et par ailleurs, « le gouvernement semble pour l'instant vouloir tenir ses objectifs budgétaires, ce qui rassure les marchés », souligne Patrick Jacq.
Paris compte ramener le déficit public à 4,5% du produit intérieur brut en 2012 et à 3% en 2013. L'objectif est de revenir à l'équilibre budgétaire en 2017. Et, pour respecter cet engagement, le gouvernement a annoncé la semaine dernière 7 milliards d'euros d'impôts supplémentaires en 2012.
(Source : AFP)
Crédit photo : AFP
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