Une femme - la bonne soixantaine - pose devant l'appareil, les mains posées sur son ventre explicitement rond. Sa grossesse bien entamée contraste avec sa chevelure grisonnante et ses rides. Le but de la photo ? Inciter les jeunes Anglaises à penser à leur fertilité tant qu’il en est encore temps. Kate Garraway, l’animatrice TV grimée en vieille femme qui prête son visage à la campagne, explique vouloir alerter les femmes pour « qu’elles pensent à leur fertilité à un plus jeune âge que ma génération ». Une intention noble, certes, mais dont la mise en pratique est très maladroite.
La fertilité n’est pas un choix pour beaucoup de femmes, notamment pour celles qui entrent dans la vie active, et qui, entre premier salaire, remboursement du prêt étudiant et début de carrière, ne peuvent pas se permettre de concevoir un bébé pour le moment ; mais aussi pour celles dont le compagnon ne souhaite pas avoir d’enfant et pour les célibataires qui n’ont pas trouvé l’homme idéal avec qui avoir un bébé. L'affiche ne propose pas non plus de solution pour les femmes rencontrant des difficultés à tomber enceinte.
Comme le souligne la journaliste Emma Cowing dans les colonnes du Scotsman, « Croire que faire surgir Garraway qui pépie "pensez à faire un bébé" fera se taper le front à des millions de trentenaires qui s’exclameront "je savais que j’avais oublié de faire un truc !" est offensant ». Les femmes sont bien sûr au courant de l'existence de leur horloge biologique, et savent pertinemment qu’il est plus facile de concevoir un bébé jeune.
« Je sais que la carrière et les finances peuvent sembler importantes mais vous n’avez qu’une petite fenêtre de fertilité », rappelle Kate Garraway. Insinue-t-elle qu’il faut reléguer sa carrière au second plan pour être avant tout une maman ? Quant aux pères, ils ne figurent tout simplement pas au tableau proposé par Get Britain Fertile, comme si la femme était la seule impliquée dans la décision de faire un enfant.
La campagne, lancée par First Response, une marque de tests de grossesse, est également pointée du doigt par Aviva Shen de l’association Think Progress car elle cherche à culpabiliser les femmes qui font le choix de retarder leur grossesse : « First Response décide de contrer la tendance des femmes qui attendent plus longtemps pour avoir des enfants en les critiquant, en s’appuyant sur leur peur de vieillir et en exploitant le dégoût social pour la sexualisation, même modérée, des personnes âgées. »
Victoria Houssay
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