Depuis quelques mois, des pilules qui circulent clandestinement au Ghana suscitent l'inquiétude de la Food and Drugs Authority (FDA) du Ghana. Destinées aux femmes enceintes qui espèrent donner naissance à un bébé à la peau claire, cette étrange tendance serait dangereuse pour la santé. "Nous voulons que le grand public sache que la FDA n'approuve aucun produit comme un comprimé ou une pilule voué à éclaircir la peau d'un enfant à naître", a déclaré à la BBC Emmanuel Nkrumah, chef du Département Cosmétique de la FDA. Les autorités sanitaires craignent notamment l'apparition de malformations congénitales, ainsi que des dommages au niveau des membres et des organes internes. De surcroît, ces comprimés ne garantissent en aucun cas l'obtention de l'effet escompté, alerte le gouvernement ghanéen.
Toute entreprise ou individu qui commercialise ces pilules sera arrêté et poursuivi en justice, avertit le gouvernement de ce pays d'Afrique de l'Ouest. Une autre mode fait rage au Ghana chez les femmes enceintes qui souhaitent que leur bébé naisse avec la peau plus claire : elle consiste à se masser le ventre avec des crèmes dépigmentantes. Cette pratique est également dangereuse, car ce type de crème peut entraîner des cas d'allergie qui se manifestent le plus souvent par des gonflements de la peau et des éruptions cutanées.
Comme le rappelait le New York Times en 2016, le phénomène de blanchiment de la peau est très répandu en Afrique, notamment dans la région Ouest du continent, où 70% des femmes auraient déjà utilisé des crèmes pour s'éclaircir la peau. En 2016, la FDA du Ghana s'est engagée dans une lutte active contre le blanchiment de la peau en instaurant une législation qui interdit l'introduction de tout produit contenant de l'hydroquinone, une poudre blanche inodore présente dans la majorité des produits dépigmentants. Les publicités n'ont cependant pas été supprimées et de nombreuses crèmes et lotions éclaircissantes sont encore disponibles sur le marché, souligne le magazine Le Point.
En Afrique, avoir la peau claire est considéré comme un signe extérieur de beauté et de réussite sociale pour de nombreuses femmes, ainsi que pour les hommes qui s'y mettent aussi. Cet éclaircissement de la couleur de la peau n'est cependant pas uniquement dû à un phénomène de mode mais relève probablement également de données historiques : "Il faut comprendre que lors de la colonisation, il y avait une volonté d'assimilation culturelle. Cette pratique assimilatrice faisait considérer la couleur de peau des blancs et des métisses comme un critère de beauté", affirme Djiby Diakhaté, sociologue à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Pour combattre ce phénomène nocif pour la santé mais également pour la diversité des ethnies et l'acceptation du multiculturalisme, la sociologue prône un combat quasiment idéologique et pas seulement répressif contre les vendeurs de crèmes blanchissantes. "Il serait peut-être mieux que l'on fasse décomplexer les personnes face à leur couleur de peau et qu'elles s'approprient une identité dynamique et ouverte et non plus calquée sur une autre."