Un peu sadique, Maureen Dowd, éditorialiste du New York Times, utilise un classique de la littérature française pour tailler un costard à notre pays : « Goodbye Old World, Bonjour Tristesse », titre-t-elle pour décrire avec verve le désarroi français. L’allusion au roman de Françoise Sagan ne doit pas faire croire à un quelconque hommage de la part de cette plume, puisqu’elle estime plutôt que les Français sont « piégés par leur passé » : « Les Français butent sur leur grandeur perdue et leur passé glorieux, les yeux rivés en arrière sur l’empire colonial, le Siècle des Lumières, la Révolution, Napoléon, et même sur l’époque des écrivains et des artistes du mouvement jazzy. »
Pour résumer son propos l’éditorialiste avance que ce n’est pas tant que les Français ont perdu foi dans leur propre supériorité, mais qu’ils « ont perdu foi dans le fait que le reste du monde la remarque ». L’auteur s’appuie apparemment sur son séjour en France lors de la dernière Fashion Week. Un événement qui ne parvient même plus à réconforter les Parisiens déprimés par la météo selon elle. Elle cite l’intitulé d’une tribune du Monde : « Liberté, égalité, morosité », les propos désabusés d’un dentiste renommé, le Dr Gérard Armandou, qui lui aurait expliqué que la France avait basculé dans la nostalgie, et dans le clivage permanent : « les vieux contre les jeunes, les étrangers et les autres, les fumeurs et les non-fumeurs, les homos et les hétéros ».
Maureen Dowd ajoute que la France affiche le plus fort taux d’addiction aux antidépresseurs et de suicide en Europe, tirés vers le haut par un chômage record et des perspectives peu rassurantes. « Le poids des impôts qui ont fait fuir Gérard Depardieu, les conflits avec la population immigrée, les scandales politiques, le président Hollande qui déçoit, la jalousie envers l’Allemagne, la stagnation économique et un système éducatif hyper élitiste, ajoutez à cela le froid, la pluie qui ruinent le fameux printemps parisien », et vous obtenez un pays plus pessimiste que l’Afghanistan ou l’Irak, d’après le fameux sondage BVA-Gallup portant sur 51 pays, daté de 2011, remis en avant par l'auteur.
Une arlésienne que l’éditorialiste cherche à prouver avec force détails et citations. Mais surtout une démonstration très parisiano-centrée, voire boboïsante, qui est loin de s’appliquer à l’ensemble des Français (qui profitent, soit dit en passant d’une météo radieuse depuis quelques jours). D’après un sondage CSA réalisé en juin, le moral des Français a atteint en effet son plus bas niveau depuis deux ans, mais la moitié d’entre eux restent optimistes quant à leur situation personnelle. Toujours prêts à casser du sucre sur la société et ses dirigeants, les Français savent aussi se montrer égoïstement heureux : 84% des salariés interrogés par TNS Sofres en février dernier disaient par exemple se sentir bien au bureau, 68% apprécient l’ambiance générale sur leur lieu de travail, plutôt portée sur les éclats de rire que sur la dépression. Même constat côté femmes, l’observatoire Terrafemina-20 minutes-CSA révélait il y a quelques semaines que 58% d'entre elles étaient satisfaites de leur parcours de vie. Haut les cœurs !
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