Scènes de famille et Planète en crise. C'est ainsi que l'on pourrait traduire le titre de l'opus biographique rédigé par la mère de Greta Thunberg, Malena Ernman (Our House is on Fire: Scenes of a Family and a Planet in Crisis). Ces "scènes de famille" semblent faire écho à la fameuse punchline de la jeune activiste suédoise : "Notre maison est en feu" ("Our house is on fire"). Pour Thunberg, planète et foyer familial ne semblent faire qu'un. Et c'est peut-être pour cela que sa mère s'est permise quelques indiscrétions dans cet ouvrage, en révélant notamment une partie sensible de l'enfance de sa fille : les troubles alimentaires dont elle a souffert des mois durant.
"Elle disparaissait lentement dans une sorte d'obscurité et petit à petit, elle semblait s'éteindre", se souvient non sans tristesse Malena Ernman. Quand elle n'avait que onze ans, Greta Thunberg s'alimentait principalement de pâtes et de riz, d'avocat et de gnocchis, comme l'explique sa mère, citée par le Guardian. Et un jour, la jeune Greta a cessé de se nourrir. Si bien qu'en deux mois seulement, la jeune fille aurait perdu pas moins de dix kilos. Une situation tout à fait alarmante qui aurait même pu entraîner son hospitalisation.
Tout en elle laissait dès lors transparaître "des signes de famine", s'alerte encore l'autrice. Mais cet état physique surtout semblait indissociable de sa situation psychologique d'alors. Vulnérable, Greta Thunberg traversait effectivement une lourde période de dépression. "Elle pleurait la nuit alors qu'elle devait dormir. Elle pleurait en allant à l'école. Elle pleurait durant ses cours et pendant ses pauses, et les enseignants appelaient à la maison presque tous les jours", se remémore encore Malena Ernman. Parfois, même, la jeune fille faisait des crises de panique.
Durant cette période de troubles alimentaires, Greta Thunberg passait le plus clair de son temps en compagnie de son chien, Moses, au sein de la demeure familiale. Elle restait assise à ses côtés, à le caresser, durant des heures et des heures. Un isolement qui n'arrangeait en rien ses graves soucis d'alimentation. Si bien que ses parents se mettaient même à détailler par écrit la composition exacte de ses repas. Mais alors que ceux-ci ont fini par la prévenir d'un futur et inévitable départ à l'hôpital, où elle n'aura d'autre choix que d'être alimentée "avec des tubes", la jeune fille s'est remise presque instantanément à manger à sa faim. Une résolution heureuse ?
Peu de temps après cependant, les médecins ont diagnostiqué à la future figure de proue du mouvement Youth for Climate un syndrome d'Asperger, c'est-à-dire une forme d'autisme, qui, comme l'écrit Greta Thunberg elle-même, la rend "un peu différente de la norme". Et bien avant sa large médiatisation, c'est cette différence qui va la confronter aux préjugés et à la violence d'autrui. A l'école notamment, la petite Suédoise se fera systématiquement harceler par ses collègues, qui la poussent dans la cour de récréation, la coursent jusqu'aux toilettes des filles, la brutalisent et la menacent jour après jour.
"C'était comme un montage de film mettant en scène tous les scénarios d'intimidation imaginables", s'indigne sa mère lorsque sa "Greta" lui explique tout.
Mais cette différence qui suscite la haine, Greta Thunberg a décidé d'en faire "une super-puissance", narre Malena Ernman. Et de ne plus se cacher, en s'engageant dans un combat qui, aujourd'hui encore, ne cesse d'inspirer les jeunes et les moins jeunes. Les réactions générées par ce livre le démontrent d'ailleurs. "Personne ne pourra plus dire après avoir lu ce texte que Greta Thunberg est manipulée par qui que ce soit ! Son activisme lui a sauvé la vie et continue de le faire", s'exclame une internaute. Et sa lutte, elle, semble aussi collective que personnelle.