C'est la solution qu'a trouvée la police de Liège pour s'attaquer au harcèlement de rue : envoyer plusieurs membres féminines de son personnel afin de verbaliser ceux qui la siffleraient, l'interpelleraient à répétition, lui assèneraient des remarques sexistes. Des comportements auxquels trop de femmes sont constamment confrontées dès qu'elles mettent un pied dehors.
Les autorités belges appellent cette initiative la "policière-appât". Une flic en civil se promène dans la ville avec une oreillette et dès qu'elle est harcelée, ses collègues interviennent et donnent immédiatement un procès-verbal aux auteurs du délit. "Elles sont quatre à tourner chacune à leur tour, lors d'opérations qui s'organisent en moyenne une semaine par mois, même s'il y en a plus en été qu'en hiver bien sûr", a ainsi expliqué la police de Liège à la DH.
Depuis le début de ce dispositif, 51 PV ont été dressés. Un "effet dissuasif", observe le journal Moustique, qui réjouit les forces de l'ordre. "Derrière chaque femme, on sait que pourrait se cacher une policière", affirme-t-elles.
Une démarche louable, en théorie. C'était sans compter sur le reste des propos tenus dans la DH par les autorités, desquels se dégage une réflexion particulièrement problématique.
Le média belge décrit ainsi que "ce procédé a été approuvé par le parquet de Liège" et que, afin d'éviter tout problème puisque la police n'a pas le droit d'inciter au délit, "à chaque opération, la tenue est validée par le magistrat compétent", précise le commissariat. Et d'ajouter : "La policière en civil se promène vêtue correctement et pas de manière aguicheuse. Plutôt en pantalon donc".
La preuve que, si des efforts concrets pour mettre un terme aux violences faites aux femmes dans l'espace public sont entrepris, les stéréotypes qui les entourent perdurent. En attendant, l'opération a été reprise par les villes belges de Gand, Bruxelles-Nord et Namur, précise Moustique. Et intéresserait même la France.
A noter que, de ce côté de la frontière aussi, niveau harcèlement de rue comme déconstruction des biais sexistes au sein de la police, il y a du boulot.