Société
37 plaignantes payées pour se taire : le nouveau scandale Harvey Weinstein
Publié le 28 janvier 2021 à 12:38
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Après le scandale de "l'affaire Weinstein", il faudra compter sur celui - ou ceux - de l'après-procès, encore trop peu mis en lumière. Comme ces dizaines de plaignantes payées pour se taire, stratégie juridique visant à anéantir des années de mobilisation féministe.
Le producteur Harvey Weinstein à la Cour suprême de l'État de New York pour son procès à New York City, le 24 février 2020. Le producteur Harvey Weinstein à la Cour suprême de l'État de New York pour son procès à New York City, le 24 février 2020.© BestImage
La suite après la publicité

17 millions de dollars. C'est la somme qu'aurait déboursé l'ancien producteur et mogul d'Hollywood Harvey Weinstein afin d'acheter le silence d'un certain nombre de ses plaignantes. Un grand nombre, en vérité. En tout, ce sont pas moins de 37 femmes qui auraient abandonné leurs poursuites suite à ces versements. C'est colossal.

Comme le souligne le journal américain Newsweek, cette transaction financière majeure, perçue comme une forme "d'indemnisation des victimes" dans le langage juridique, a été conclue le 25 janvier dernier au sein d'un tribunal du Delaware, sur la côte est des États-Unis. Après le vaste mouvement de libération de la parole provoqué par l'enquête du New York Times et du New Yorker à l'origine de "l'affaire" Weinstein, c'est désormais le silence de ses plaignantes que désire marchander l'ex-producteur. Qui s'en étonnera ?

Et ce, près de dix mois après les conclusions historiques de son procès (tout aussi historique), énoncées le 11 mars 2020 au sein du tribunal pénal de Manhattan : la condamnation du businessman de 67 ans à 23 ans de prison pour agression sexuelle et viol. Malgré cela, l'histoire de "l'intouchable" est loin d'être terminée...

Etouffer la révolution #MeToo

Comme l'explique le Guardian, les plaignantes qui s'engagent à abandonner "toutes poursuites ultérieures" recevront, sur le total de 17 millions de dollars mis en oeuvre, la totalité de leur part individuelle. A l'inverse, stipule le contrat de la transaction, les plaignantes qui acceptent l'abandon de leurs poursuites antérieures mais pas celles de leurs poursuites ultérieures ne recevront qu'un quart de leur "indemnisation" personnelle.

Bref, face au courage des plaignantes, Harvey Weinstein impose sa loi du plus fort. Seules huit femmes ont refusé les termes de cet accord validé par un juge. Comme ont pu l'indiquer certaines plaignantes anonymes au journal britannique, "le choix entre une rétribution intégrale et la poursuite de leurs réclamations à la justice est injuste". Cette "injustice", imaginée par les nombreux avocats, assureurs et créanciers de la firme Weinstein, hiérarchise les sommes attribuées en fonction du degré de silence et donc de soumission des victimes. Un sacré concept.

"Cet accord est équitable car il donne aux survivantes le pouvoir de choisir - celles qui veulent passer leur journée au tribunal peuvent choisir de poursuivre leurs poursuites contre Harvey Weinstein et celles qui souhaitent la clôture de leur affaire ainsi que la confidentialité peuvent choisir d'accepter l'accord", déclare en retour l'avocate Debra Grassgreen, du cabinet Pachulski Stang Ziehl & Jones.

Un choix des mots qui en dit long sur la dimension "équitable" de cette initiative post-procès, et sur cette volonté, implicite, d'étouffer la révolution #MeToo.

Mots clés
Société News essentielles Etats-Unis justice harcèlement Agression sexuelle femmes #MeToo
Sur le même thème
Sydney Sweeney, le nouveau sex symbol d'Hollywood bat un nouveau record play_circle
"Brûlée à 75 %" : une athlète des JO 2024 victime d'une tentative de féminicide, dans un pays où cette réalité est un tabou play_circle
Société
"Brûlée à 75 %" : une athlète des JO 2024 victime d'une tentative de féminicide, dans un pays où cette réalité est un tabou
4 septembre 2024
Et si ce portrait de femmes primé à Cannes était le nouveau chef d'oeuvre contestataire du cinéma iranien ? play_circle
Culture
Et si ce portrait de femmes primé à Cannes était le nouveau chef d'oeuvre contestataire du cinéma iranien ?
26 août 2024
Les articles similaires
57% des mecs pensent que ne pas dire clairement "non", c'est être forcément consentante (et c'est flippant) play_circle
Société
57% des mecs pensent que ne pas dire clairement "non", c'est être forcément consentante (et c'est flippant)
4 octobre 2024
"J'aime les femmes, je veux qu'elles soient heureuses, qu'elles ne pensent plus à l'avortement", promet Donald Trump lors d'un discours lunaire play_circle
Société
"J'aime les femmes, je veux qu'elles soient heureuses, qu'elles ne pensent plus à l'avortement", promet Donald Trump lors d'un discours lunaire
27 septembre 2024
Dernières actualités
"Mais tu as vraiment 50 ans ?!" : cette actrice culte de séries télé "ne vieillit jamais" et rend fous ses fans play_circle
Beauté
"Mais tu as vraiment 50 ans ?!" : cette actrice culte de séries télé "ne vieillit jamais" et rend fous ses fans
17 janvier 2025
« Quelle déception” : ce chanteur culte de notre adolescence sera à l'inauguration de Donald Trump, les fans sous le choc play_circle
musique
« Quelle déception” : ce chanteur culte de notre adolescence sera à l'inauguration de Donald Trump, les fans sous le choc
17 janvier 2025
Dernières news