Après huit mois de détention, Jean-Claude Mas, le fondateur de la société de fabrication de prothèses Poly Implant Prothèse (PIP) a été libéré lundi en fin d’après-midi, et placé sous contrôle judiciaire. Le sexagénaire avait été interpellé en janvier dernier avant d’être mis en examen pour « blessure involontaire ». Il est accusé d’avoir sciemment utilisé du gel frelaté au lieu d’un gel de silicone homologué dans la majeure partie des prothèses mammaires produites dans son entreprise.
Résultat, des implants qui présentent « des taux de rupture extraordinairement précoce », comme a pu le constater l’Agence de sécurité sanitaire (Afssaps) et qui laissent le gel se diffuser dans le corps des patientes. En outre, une vingtaine de cas de cancer ont été signalé chez des porteuses de PIP, sans, toutefois, qu’aucun lien de cause à effet ne soit établi.
Pas étonnant donc que la libération de Jean-Claude Mas ait déclenché la colère et l’incompréhension des victimes. « C'est un assassin à petit feu et on le remet dehors », a ainsi déploré, au micro de RTL, Mathilde Tessi, qui a dû se faire enlever des prothèses PIP défectueuses. Et d’ajouter : « pour l'instant il ne paie pas. Jusqu'à son procès, on le laisse un peu vivre mais nous on ne nous a pas laissé de chance », a-t-elle ajouté.
Maître Philippe Courtois, qui représente plus de 2 300 victimes des prothèses PIP regroupées en association, espère quant à lui que le contrôle judiciaire de Jean-Claude Mas, autorisé contre l’avis du parquet, sera strictement respecté. « Il y a toujours un risque de fuite », a-t-il en effet souligné. Le sentiment des victimes est celui d'être enfermées dans leur propre corps avec ces prothèses. Elles trouveraient normal que Jean-Claude Mas soit enfermé lui aussi ». Quant au principal intéressé, devant la vingtaine de journalistes qui l'attendaient à sa sortie de prison, il a confié être ruiné. « Je n'ai plus d'esprit, je suis plus rien », a-t-il également indiqué, alors qu’il était interrogé sur son état d’esprit.
En France, on estime que 30 000 femmes seraient porteuses de ces implants au gel de silicone frelaté. Elles seraient par ailleurs des dizaines de milliers à l'étranger, l’entreprise ayant exporté ses prothèses en Europe, en Amérique du Sud et en Asie. Le premier procès de ce scandale sanitaire hors-norme doit se tenir du 17 avril au 14 mai prochain à Marseille. Quelques 180 avocats, 4 380 plaignants français et 220 étrangers sont attendus.
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