Rehana Fathima, 32 ans, est bien décidée à faire tomber le patriarcat qui dicte la culture de son pays. Originaire d'Inde, cette technicienne en télécommunications a par exemple récemment pénétré dans le temple de Sabarimala, lieu de culte situé dans le Kerala et interdit aux femmes en âge d'avoir leurs règles.
L'hindouisme considère les femmes qui ont leurs règles comme impures et les empêche de participer à des rituels religieux. En septembre dernier, la Cour suprême indienne a toutefois brisée cette tradition sexiste en autorisant l'accès au temple "aux femmes de tous les âges".
Mais la levée de l'interdiction n'a pas plu aux fidèles masculins, qui ont boycotté l'arrivée de Rehana Fathima et de son amie journaliste qui l'accompagnait. Les deux femmes ont réussi tant bien que mal à pousser les portes du lieu de culte.
Peu de temps après, l'Indienne a posté une photo d'elle sur son profil Facebook. On la voit en accoutrement de pèlerine en train de prendre la pose associée à Ayyappa- la divinité vénérée au sanctuaire de Sabarimala- et laissant entrevoir une partie de sa cuisse dénudée.
Rien de choquant du point de vue de nos cultures occidentales. Mais le gouvernement indien n'a pas vu le cliché du même oeil. Rehana Fathima a été arrêtée et placée en détention provisoire mardi 27 novembre à cause de cette photo, l'accusant d'être "sexuellement explicite" et de "blesser les sentiments religieux des fidèles du Seigneur Ayyappa".
Rehana Fathima a écopé d'une peine de 14 jours de détention et a été suspendue temporairement de ses fonctions au sein de l'entreprise de télécommunications qui l'emploie. La photo publiée sur Facebook lui aura donc coûté très cher.
"Pourquoi les hommes peuvent-ils aller dans les temples torses nus et montrer leurs cuisses ? En quoi cela n'est-il pas choquant ?", s'insurge Arathy, l'amie journaliste de Rehana Fathiman, interrogée par la BBC.
"Nous ne comprenons pas comment la photo d'une femme montrant son genou serait antireligieuse dans un pays où les saints nus sont vénérés", renchérit le mari de Rehana Fatima, dans un entretien accordé au Times of India.
La famille de Rehana Fathima a demandé une libération sous caution. Son plaidoyer sera entendu ce vendredi, note la BBC.