La précarité des étudiant·e·s est grandissante. Loyer, transports, alimentation : les charges fixes demandent un investissement de taille que beaucoup ne sont pas en mesure de se permettre. Cette année, pour la rentrée 2019, l'Unef a révélé que le coût de la vie augmenterait de 2,83 % par rapport à l'an dernier pour cette tranche de la population, soit deux fois plus que l'inflation calculée à 1,2 % en juin 2019.
La cause : l'augmentation du prix des logements dans 10 villes de France (Bordeaux, Lyon, Strasbourg), des restaurants universitaires et des cafétérias CROUS, ou encore des tickets de bus, métro, tramway. Le syndicat explique que la seule solution pour couvrir les frais reste le salariat, ou la dépendance parentale, les aides sociales demeurant "largement insuffisantes". Un constat grave. Mais ce qui retient également l'attention à la lecture de ce rapport, c'est la différence de frais selon le genre.
"Le verdict est sans appel, le coût de la vie est 118,68% plus élevé pour les femmes", lit-on dans le dossier paru le 16 août 2019. Concrètement, cela représente la somme conséquente de 529 € de frais obligatoires dépensés en plus, chaque année, par les étudiantes, par rapport à leurs camarades masculins. Un coût attribué notamment à la taxe rose, ou le fait de faire payer plus cher un produit parce qu'il est ciblé pour les femmes - rasoirs roses, stylos roses. Et si sur ces derniers le packaging diffère, de nombreux éléments complètement identiques sont également étiquetés à des prix supérieurs pour aucune raison apparente si ce n'est le genre de leurs potentielles clientes. A ce titre là, on retrouve des blouses de laboratoire blanches, des sous-vêtements ou encore le prix d'une coupe de cheveux - même courts -, rapporte ainsi LCI.
Pour arriver à cette conclusion, l'Unef s'est d'abord basé sur 4 critères : l'habillement, les sous-vêtements, le coiffeur et l'épilation/rasage. Résultat, 200 € par an de plus à débourser pour les étudiantes. Le syndicat s'est ensuite concentré sur les dépenses de santé, détaillant le prix annuel minimum pour la contraception, une visite par an chez un·e gynécologue, des médicaments pour les douleurs menstruelles et le coût des produits périodiques. Frais exclusivement réservés aux femmes, et dont la somme s'élève à environ 329 € par an.
Des chiffres qui partent du principe que l'étudiante pourra se munir d'une contraception peu chère qui n'est malheureusement pas adaptée à toutes (certaines plaquettes de pilule coûtent jusqu'à 15 € par mois), ou qu'elle ne nécessite pas de consultations gynécologiques plus fréquentes (sachant que beaucoup de spécialistes pratiquent des dépassements d'honoraire, principalement dans les grandes villes étudiantes).
Le but de ce rapport est ainsi d'éveiller les consciences sur les inégalités financières qui sévissent jusque dans le budget étudiant, et d'alerter sur le fléau de la précarité menstruelle. L'Unef souhaite faire bouger les choses au sein des universités et des établissements scolaires en général, pour que ceux-ci mettent en place des mesures concrètes qui accompagneront les jeunes femmes dans ces dépenses. A Lille déjà, les protections périodiques sont disponibles gratuitement sur le campus, et le groupe Sorbonne Universités s'y mettra dès la rentrée. Mais l'urgence ne réside pas uniquement dans la distribution de serviettes et de tampons.
"Les solutions pour faciliter le quotidien des étudiantes ne manquent pas", confie Mélanie Luce, présidente du syndicat, à LCI. Elle évoque parmi elles des "chèques santé, à donner à la rentrée pour leur assurer une consultation gratuite de gynécologue par an, ou le remboursement à taux complet de leur contraception". Une situation alarmante concernant 270 000 femmes selon l'Unef, et qui requiert des actions urgentes.