Pour illustrer et faire comprendre ce qu'est la taxe rose, rien de mieux que de se rendre dans un salon de coiffure. Parce que selon le machin que vous avez entre les jambes, vous pouvez payer un tarif deux fois plus cher pour vous faire couper les cheveux.
C'est une étude de l'Association nationale de défense des consommateurs (CLCV) parue ce mardi 11 décembre, qui a déterminé que la différence moyenne de tarif entre hommes et femmes dans un salon de coiffure était de 47 %.
L'association a envoyé ses membres faire des relevés dans 902 salons français entre août et octobre dans 12 régions. Et le résultat est là : un forfait "shampoing-coupe-coiffage" coûte en moyenne 20,46 euros pour les hommes et 30,07 pour les femmes selon les relevés effectués.
La CLCV parle d'une "différence de tarifs homme/femme à bout de souffle". En effet, comment comprendre qu'à une époque où hommes et femmes peuvent avoir indifféremment les cheveux courts ou longs, les salons de coiffure continuent à pratiquer cette discrimination tarifaire ?
L'association évoque une "surfacturation fréquente des tarifs femme par rapport aux tarifs homme, y compris sur des actes de coiffure similaires" qui "peine aujourd'hui à trouver une justification."
Pour les auteur·trices de l'étude, "la logique voudrait que la tarification se fasse selon la longueur du cheveu et le travail fourni et non selon le genre du client. La différence tarifaire homme/femme se justifie difficilement face à des prestations équivalentes."
Les tarifs hommes et femmes seraient fondés sur "une idée reçue [qui] consiste à penser qu'il est normal que le coiffeur coûte plus cher pour les femmes que pour les hommes."
Ainsi, le travail serait "plus élaboré pour les femmes et plus simple pour les hommes ce qui justifierait cette différence de prix, bien loin de toute discrimination." Et les prix des salons de coiffure sont libres.
Mais lors de son enquête, la CLCV note la difficulté de comparer les prestations proposées alors que "cette différence de prix ne semble pas toujours avoir de justification objective."
Plus généralement, sur l'affichage des prix dans les vitrines des boutiques, l'étude évoque des "prestations [...] de moins en moins compréhensibles et de moins en moins comparables."
Par le biais d'une pétition adressée à la secrétaire d'Etat à l'égalité Femmes-hommes Marlène Schiappa, la CLCV demande aujourd'hui "une réflexion autour de cette pratique afin de parvenir à une évolution vers des tarifs mixtes justifiés par des critères objectifs tels que le temps passé, la longueur du cheveu et les produits utilisés."
Il y a tout juste trois ans, en décembre 2015, une étude lancée à l'initiative de la secrétaire d'État aux Droits des femmes de l'époque, Pascale Boistard, avait tenté de déterminer s'il existait une "taxe rose" en France. L'étude remise au Parlement avait noté à l'époque une différence objective en terme de tarif entre hommes et femmes dans les salons de coiffure.
Les salons unisexes, qui affiche clairement leurs tarifs en fonction de la coupe et pas du sexe, restent extrêmement rares en France.
La France compte 64 000 salons de coiffures et 1 million de Français·es se font coiffer chaque jour selon l'association.
Alors vous savez ce qu'il vous reste à faire : demandez des comptes à votre coiffeur·euse à votre prochain rendez-vous. Les consommateurs et les consommatrices sont aussi des acteurs et des actrices du changement.