Les réseaux sociaux ont le chic pour nous filer des complexes. Si bien qu'Instagram annonçait en octobre dernier la suppression de ses filtres façon "chirurgie esthétique" dans l'espoir de changer la donne. Et pour cause : l'utilisation de ces filtres serait particulièrement nocive pour l'estime de soi, au point de donner envie à certain·e·s de passer sous le bistouri pour se rapprocher de leur version "filtrée". Un phénomène connu sous le nom de "dysmorphie Snapchat", dont le Dr Tijion Esho, chirurgien esthétique à Londres, expliquait les détails l'an passé dans les colonnes de The Independent : "Jusqu'ici, les patient·e·s venaient à la clinique avec des photos de célébrités ou de mannequins qu'ils admiraient et auxquels elles et ils souhaitaient ressembler. Mais depuis l'arrivée des plateformes sociales et des filtres ces cinq dernières années, de plus en plus de patients viennent avec les versions 'filtrées' d'eux-mêmes en tant qu'objectif à atteindre."
Instagram va aujourd'hui plus loin et se lance désormais dans la lutte contre les troubles du comportement alimentaire. Car là aussi, le réseau social a des changements à faire, comme le montrait une recherche de l'University College de Londres, relayée par le site Presse-Citron . "L'utilisation régulière d'Instagram augmente les risques de troubles alimentaires. Nos résultats révèlent l'implication que peuvent avoir les réseaux sociaux dans le bien-être psychologique et l'influence des 'célébrités' healthy sur des centaines ou milliers d'individus", expliquaient les chercheurs.
Des conclusions confirmées par des chiffres récemment obtenus par Instagram, selon lesquels 58% des sondés âgés de 19 à 30 ans se comparent aux autres sur Instagram et 50% préféreraient ressembler à quelqu'un d'autre.
Face à ce constat, Instagram s'est associé à la Butterfly Foundation, spécialisée dans les troubles du comportement alimentaire, et a lancé une campagne tout au long du mois de décembre en Australie. Articulée autour du hashtag #TheWholeMe, la campagne vise tout particulièrement un public adolescent et promeut une utilisation positive et bienveillante du réseau social.
Comment ? À l'aide de mantras, de boîtes à outils et de quiz diffusés sur Instagram, afin notamment de faire comprendre que les images relayées sur Instagram ne reflètent pas nécessairement la réalité et qu'il est important de garder une certaine distance avec les contenus mis en scène.
Pour Philip Chua, responsable des politiques publiques d'Instagram Asie-Pacifique, le but est ici "que les jeunes se sentent autorisés à utiliser Instagram d'une manière qui leur semble sûre et confortable." Elle ajoute : "Nous avons créé ces ressources pour combattre toute pression que les gens peuvent ressentir pour présenter une image parfaite de leur vie en ligne et pour soutenir leur expression authentique sur Instagram."
L'efficacité de la campagne sera étudiée dès le début de l'année 2020. Si celle-ci s'avère concluante, Instagram pourrait bien décider de la décliner dans le reste du monde. Une bonne façon de commencer l'année.