En signant son deuxième long-métrage, La mauvaise réputation, la réalisatrice Iram Haq se livre totalement. Ce drame, celui de Nisha, 16 ans, prise en étau entre deux cultures, c'est un peu son histoire. Parfaite petite fille pakistanaise dans sa famille, ado norvégienne passe-partout à l'extérieur. Jusqu'à ce que la tradition culturelle familiale la rattrape. "Quand j'avais 14 ans, mes parents m'ont kidnappée et emmenée au Pakistan, où j'ai dû vivre durant un an et demi. J'ai attendu de me sentir prête, en tant que cinéaste et en tant qu'être humain, pour oser raconter mon histoire, le plus posément, le plus sincèrement possible", raconte-t-elle. Alors qu'elle présente cette oeuvre très personnelle au Festival de Cinéma Européen des Arcs 2017, la réalisatrice nous parle de sa place de réalisatrice et de ces voix de femmes qu'elle veut faire entendre et qui l'ont inspirée.
Je trouve cela tellement désolant que nous ayons encore à lutter contre ce problème en 2017. Je pense qu'il est très important que les femmes soient des conteuses. Nous avons besoin de porter plus d'attention sur les histoires de femmes et les histoires racontées par des femmes. Sinon, nous risquons un statu quo, celui des hommes qui racontent des histoires d'hommes.
Oui, malheureusement, j'ai connu cela. Mais je suis contente que ce type de comportement ne soit plus accepté et que nous soyons de plus en plus conscient.e.s que certaines personnes abusent de leur position de pouvoir.
L'affaire Harvey Weinstein a bousculé le milieu du cinéma. Comment l'avez-vous vécue et pensez-vous que cela puisse faire changer les choses ?
J'ai trouvé que c'était formidable que les femmes parlent afin que nous n'ayons plus jamais à accepter ce genre de comportement. Et oui, je pense que cela va changer. J'espère que les femmes ne seront plus effrayées à l'idée de dire les choses haut et fort et que les hommes seront plus vigilants par rapport à leur comportement dorénavant.
Oui, je suis d'accord. Ce n'est pas toujours le cas, mais très souvent, je sens que les histoires sont racontées de façon légèrement différentes.
Il y a tant de films formidables, mais puisque nous parlons de femmes, je dirais Fish Tank et Toni Erdmann.
Penélope Cruz et Shabana Azmi.
Quelle est votre icone féministe ?
Frida Kahlo.
Je dirais mes amies. Je vais en citer quelques-unes : Christin Weiss, Camilla Chams Henriksen, Hilde Hagerup, Guro Hoftun Gjestad and Heidi Braaen. Ce sont des femmes fortes, indépendantes, intelligentes et généreuses. Nos conversations me rendent plus sage et me poussent à oser des choses que je n'oserais pas faire en temps normal.
La mauvaise réputation, réalisé par Iram Haq
Sortie en France le 13 juin 2018