Elle avait été photographiée sans voile lors d'un tournoi international au Kazakhstan, à la fin du mois de décembre dernier. Pour cette raison, la joueuse d'échecs iranienne Sarasadat Khademalsharieh, plus connue sous le nom de Sara Khadem, a dû s'exiler en Espagne en compagnie de son époux et de son enfant, rejoignant un logement déjà occupé par sa famille. La joueuse aurait notamment reçu des appels téléphoniques menaçants. La présence de gardes du corps devant sa chambre d'hôtel au Kazakhstan aurait également été nécessaire.
Pourquoi ? Car ce choix vestimentaire est perçu par le régime iranien "comme une marque de soutien aux manifestations qui secouent actuellement le pays", comme le souligne Le Monde. Cela fait effectivement de longs mois déjà que les Iraniennes descendent dans les rues, retirent et brûlent leur voile, afin de s'indigner de la mort suspecte de Mahsa Amini, 22 ans, décédée après son arrestation par la police des moeurs.
Une contestation aujourd'hui associée à la joueuse d'échecs de 25 ans, native de Téhéran, et dix-septième joueuse mondiale en son domaine.
Pour ce choix vestimentaire que l'on pourrait qualifier de geste politique, beaucoup érigent Sarasadat Khademalsharieh en symbole de résistance nationale. De fait, la fédération iranienne d'échecs, relate Le Monde, s'est par ailleurs détachée de la joueuse, qui "aurait participé à ce tournoi à titre personnel, de façon indépendante et à ses propres frais", a déclaré Hassan Tamini, le directeur de la fédération.
Ce n'est pas la première fois que de telles protestations émergent. En 2018 déjà, la championne d'échecs indienne Soumya Swaminathan s'était retirée de la Coupe d'Asie des échecs en Iran car les organisateurs de la compétition exigeaient qu'elle porte le voile islamique. Elle avait refusé cette obligation, déclarant : "La loi iranienne sur le foulard obligatoire viole directement mes droits humains fondamentaux".
L'espace d'une publication Instagram mise en ligne ce 4 janvier, Sarasadat Khademalsharieh a cependant nié toute volonté militante de sa part : "Je ne suis devenue réfugiée d'aucun pays. Le choix de me rendre en Espagne est une décision familiale et non politique. L'Iran est toujours ma première maison".