Services financiers, télémarketing, ressources humaines ou encore relations publiques… Pour David Graeber, anthropologue à la London School of Economics, tous ces secteurs participeraient au phénomène des « jobs à la con ». Dans un pamphlet, publié le 17 août dans le magazine britannique de gauche radicale Strike !, le scientifique, figure du mouvement « Occupy Wall Street », dénonce en effet l'inutilité d'un certain nombre de métiers créés par l'économie contemporaine. Selon David Graeber, qui cite l'économiste Keynes, les avancées technologiques devraient aujourd'hui nous permettre de ne travailler que 15 heures par semaine. Mais tel n'est pas le cas, car selon l'anthropologue « la technologie a été manipulée pour trouver des moyens de nous faire travailler plus. Pour y arriver, des emplois ont dû être créés et qui sont par définition, inutiles ».
Mais alors que les emplois dits productifs auraient diminués ces dernières années, le nombre de salariés « pousse-papier » aurait, lui, augmenté, argumente David Graeber. Ces derniers, issus des secteurs du service, de l'administratif ou encore des relations publiques travailleraient selon lui « 40 ou 50 heures par semaine », mais seraient « réellement efficaces 15 heures, comme Keynes l'avait prédit, passant le reste de leur temps à organiser ou à aller à des séminaires de motivation, à mettre à jour leur profil Facebook ou à télécharger des séries télévisées ». Quant à l'utilité ou non d'un emploi, elle est simple à démontrer selon l'anthropologue : « Dites ce que vous voulez à propos des infirmières, des éboueurs ou des mécaniciens, mais s'ils venaient à disparaître dans un nuage de fumée, les conséquences seraient immédiates et catastrophiques. Un monde sans profs ou dockers serait bien vite en difficulté, et même un monde sans auteur de science-fiction ou sans musicien de ska serait clairement un monde moins intéressant. »
L'article très partagé sur les réseaux sociaux n'a pas tardé à faire réagir. Dans un billet de blog The Economist défend notamment cette organisation du travail essentielle selon lui dans notre économie moderne. « Les biens qui sont produits sont plus complexes, la chaîne de fabrication utilisée pour les produire est plus complexe, le système qui consiste à les marketer, les vendre et les distribuer est plus complexe, les moyens de financement de tout ce système sont plus complexes, et ainsi de suite. Cette complexité est ce qui fait notre richesse. Mais c'est extrêmement douloureux à manager. »
La crise incite les salariés à se reconvertir
Femmes au foyer : l'arrêt du travail souvent dû à une fin de CDD
Mal-être au travail : un coût de 13 500 euros par salarié et par an
Créer son entreprise : plus facile en France que dans le reste du G20