Le procès de Bobigny est une page de l'histoire des féminismes. En 1972, l'avocate Gisèle Halimi défendait Marie-Claire, une jeune adolescente qui, victime d'un viol, avait décidé de se faire avorter. Aboutissement d'une défense solide, la jeune femme sera finalement relaxée. Cette relaxe a facilité l'imminente légalisation de l'avortement en France - qui ne sera effective qu'en 1974.
Ce que l'on appellera le "procès de Bobigny" démontrait dès lors la propension de Gisèle Halimi à se mobiliser pour les droits fondamentaux des femmes, de la reconnaissance du droit à l'avortement dans la société française à celle du viol comme crime. Mais alors que Gisèle Halimi s'est éteinte le 28 juillet 2020 à l'âge de 93 ans, il importe que son héritage perdure, d'autant plus à l'heure de la révolution #MeToo.
Et c'est bien là l'avis du département de la Seine-Saint-Denis. C'est pour cela, rapporte le magazine Elle, que l'ancien tribunal où s'est déroulé le procès de Bobigny, appartenant désormais audit département, devrait être rénové afin de devenir l'an prochain un lieu entièrement dédié aux luttes féministes. Une nouvelle en phase avec son époque que l'on ne peut que saluer.
Ainsi à partir du premier trimestre 2023 devraient débuter des travaux conséquents destinés à faire de l'ancien bâtiment judiciaire un lieu en lien avec l'égalité femmes/hommes. Et ce un demi-siècle après le déroulement du procès de Bobigny. L'avocate et femme politique franco-tunisienne serait certainement fière de ce projet.
L'an dernier, l'espace d'une tribune publiée dans "Libération" et d'une pétition diffusée sur Change.org, de nombreuses voix militantes en appelaient à l'entrée au Panthéon de Gisèle Halimi. "Oratrice hors pair, femme de lettres et de culture, femme politique, avocate et féministe, elle a incarné les idéaux essentiels de notre République", affirmait la pétition, louant "l'importance des combats de Gisèle Halimi pour l'humanité".