Depuis mars 2016, l'aéroport de Pékin propose aux voyageuses de se soumettre aux différents contrôles obligatoires (palpation de sécurité et fouille) dans des zones qui leurs sont réservées. Identifiables aux terminaux 1, 2 et 3 par des panneaux roses indiquant "Femmes seulement", ces espaces sont gérés par un personnel exclusivement féminin.
En offrant ce service, Xing Guo, secrétaire de la section de la station de sécurité des passagers à l'aéroport, souhaite proposer aux femmes un instant plus agréable en excluant tout contact avec les employés masculins et ainsi éviter les possibles dérives de ces derniers lors des fouilles corporels. Mais ce nouveau mode opératoire a également pour but de palier au ralentissement des procédures de contrôle de sécurité. Un ralentissement notamment dû, toujours selon le responsable sûreté aéroportuaire, à la trop grande présence de produits de beauté dans les bagages à main des femmes. Une situation nécessitant non seulement un examen plus approfondi mais qui, en plus, ralentirait les autres passagers - les hommes en tête.
Si cette mesure – et surtout ces justifications - semblent grotesques, certaines utilisatrices ne sont pas du même avis. Rappelons que dans la société asiatique, et dans bien d'autres pays d'ailleurs, le problème de séparation entre hommes et femmes ne touche pas seulement les aéroports mais aussi tout un ensemble de services comme les compagnies de bus, les trains, les salles de sport, voire même certains magasins. Une utilisatrice de l'aéroport de Pékin explique : "Nous nous sentons plus à l' aise quand nos manteaux et valises sont vérifiés par les inspecteurs de la sécurité des femmes. Cela s'apparente en quelque sorte à un service VIP pour femmes".
Si l'on peut comprendre la satisfaction de certaines, on regrette toutefois la logique à l'oeuvre derrière l'apparent pragmatisme et les raccourcis un peu trop rapides. Puisque foncièrement, le problème se trouve ailleurs. Accepter cette mesure sous-entend non seulement qu'une société mixte relèverait d'une utopie mais aussi que, par nature, les hommes seraient des potentiels prédateurs tandis que les femmes, elles, ne se séparaient jamais de leurs artifices. En soi, le problème ne vient pas du sexe d'une personne mais de son éducation et c'est à ce niveau qu'il faudrait réagir. Alors, plutôt que de vouloir séparer les genres, peut-être faudrait-il plutôt les éduquer, les sensibiliser et les responsabiliser.