Si la révolution numérique touche de nombreux domaines, elle s'étend désormais jusque dans les écoles. C'est en tout cas en partie grâce à internet et aux outils numériques que la méthode d'apprentissage de "classe inversée" porte ses fruits. Née aux Etats-Unis dans les années 2000, cette technique consiste à proposer aux élèves d'apprendre leurs leçons chez eux le soir, puis à mettre leurs connaissances en pratique en faisant des exercices en classe le lendemain. La plupart du temps, les cours se présentent sous forme de vidéos que le professeur met en ligne à disposition des élèves en amont.
Et ces derniers semblent apprécier : "Avant, on perdait du temps à prendre tout le cours en note, alors qu'avec cette méthode on approfondit vraiment le cours en classe et on l'assimile beaucoup mieux", explique à l'AFP un adolescent scolarisé au lycée privé Sainte-Ursule à Paris (XVIIe). En France, la classe inversée est portée par Inversons la classe !, une association de loi 1901 composée d'enseignants et de bénévoles qui mettent des outils numériques (programmes scolaires, sites généralistes de capsules vidéos...) à disposition des écoles pour les encourager à adopter cette méthode.
"Dans la classe, le professeur est libéré des moments de cours magistral que les élèves peuvent consulter en autonomie. Pendant les heures de classe, l'enseignant peut naviguer entre les élèves pour les aider : il reste à leur côté au moment où ils en ont le plus besoin. Plusieurs enseignants estiment qu'ils multiplient par 4 le temps qu'ils passent en moyenne avec chaque élève", explique l'association sur son site internet.
De leur côté, les enseignants approuvent le gain de temps généré par la classe inversée. Car ce sont précisément ces minutes en plus qui leur permettent de consacrer plus de temps aux élèves en difficulté, et donc de réduire les inégalités de niveau scolaire entre les élèves d'une même classe. Si certains enfants n'ont pas la possibilité de regarder les vidéos le soir chez eux, certains enseignants trouvent des parades, à l'instar de Sandrine Descombes, professeure en CM2 en Saône-et-Loire, qui demande à ses élèves de regarder des vidéos de 5 minutes chaque soir. "Les élèves qui n'ont pas pu les regarder chez eux le font en début de cours et lorsque celui-ci commence, c'est assez sécurisant car ils savent de quoi on va parler", a-t-elle expliqué à Sud-Ouest.
Particulièrement plébiscitée dans les collèges (45%) et les lycées (35%) en France, la classe inversée est, dans une moindre mesure, également appliquée dans les écoles primaires (10%) ainsi que dans les universités (10%). Selon Héloïse Dufour, présidente de l'association Inversons la classe ! cette méthode permet d'améliorer sensiblement les résultats des écoliers. "On constate notamment une amélioration de la motivation des élèves et une réduction des inégalités", observe cette dernière.
Avant la création de l'association Inversons la classe ! en 2013, seule une poignée d'enseignants de France pratiquaient la classe inversée. En l'espace de 4 ans, la méthode s'est largement répandue dans le pays puisque plus de 20 000 professeurs l'ont adoptée. Un engouement qui devrait encore probablement gagner du terrain dans les années à venir.