En 2014, il y avait plus de milliardaires à travers le monde que de femmes ministres. En effet, seules 715 membres de gouvernement étaient des femmes en 2014, selon l'édition 2015 de la "Carte des femmes en politique" publiée, mardi 10 mars, par l'ONU Femmes et l'Union interparlementaire (UIP). Un chiffre en très légère augmentation par rapport à 2013 (670) et en faible progression depuis dix ans (+3,5%). Résultat : les femmes ne représentent que 17,7 % des ministres dans le monde.
"Tous les progrès sont les bienvenus, mais les chiffres sont sans équivoque. On est encore loin des niveaux que l'on aurait dû atteindre en ce qui concerne l'égalité des sexes et la participation des femmes à la vie politique", analyse Saber Chowdhury, président de l'UIP. L'an passé, seuls trente pays comptaient au moins 30% de femmes ministres. Meilleur élève du classement : la Finlande avec 62,5 % de femmes ministres. Arrivent ensuite : le Cap Vert (53%), la Suède (52,2%) et la France, puisque le gouvernement de Manuel Valls est composé d'autant d'hommes que de femmes.
Un bémol néanmoins, aucun des exécutifs des pays cités ci-dessus n'est dirigé par une femme. En France, par exemple, Edith Cresson est toujours à ce jour la seule femme à avoir occupé le poste de Premier ministre, de mai 1991 à avril 1992. On ne compte d'ailleurs que 19 femmes chefs d'Etat ou de gouvernement dans le classement. A l'autre bout du classement, huit pays ne comptent toujours aucune femme ministre. Parmi eux, l'un des plus rétrogrades en termes des Droits des femmes : l'Arabie saoudite où les femmes n'ont même pas le droit de conduire. Figurent aussi la Bosnie-Herzégovine, Brunei, la Hongrie, le Pakistan, la Slovaquie, les Iles Tonga et celles du Vanuatu.
L'étude de l'ONU Femmes s'intéresse également à la part de femmes au sein des Parlements. "Les données montrent qu'un nombre de pays jamais atteint auparavant, quarante-huit, comptent au moins 30% de femmes dans une chambre parlementaire sinon les deux pour les parlements bilatéraux", détaille le rapport. La France est mauvaise en la matière puisque, selon les chiffres du Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes , l'Assemblée nationale ne dénombre que 26,9% de députées, soit 155 élues sur 577 parlementaires. Un pourcentage à mettre en parallèle avec les 52,6% d'électrices qui composent le corps électoral français et ses 43,2 millions d'électeurs. La situation est encore moins glorieuse au Sénat qu'au Palais Bourbon où seulement 87 élus (sur un total de 348 sièges) de la chambre haute sont des femmes.
Les nouveaux Conseils départementaux (actuels Conseils généraux où ne siègent que 13,9% de femmes, ndlr), émanation des élections départementales des 22 et 30 mars prochains, seront les seuls exécutifs paritaires de fait suite à la modification du mode de scrutin : binominal, obligatoirement un homme et une femme, à deux tours. Reste que l'abstention promet de battre des records pour cette élection où les électeurs voteront sans connaître exactement les compétences de leurs futurs conseillers départementaux. Et pour cause, le Sénat et l'Assemblée nationale ne se sont toujours pas accordés sur le projet de loi sur la nouvelle organisation territoriale de la République (Notre) censé définir le champ d'action des départements. La parité au sein des exécutifs départementaux aurait pu connaître meilleure entrée en matière...