Emma Mars : Je suis partie d’un argument très simple, qui correspond plus ou moins à la toute première scène : une jeune mariée (ou tout comme) est allongée dans une chambre d’hôtel ; elle entend un homme faire ses ablutions dans la salle de bain attenante. Ils viennent de faire l’amour… Mais ce n’est pas son mari, et elle sait à peine de qui il s’agit. Á partir de ce point, tout est venu assez vite, savant mélange de fiction et de personnages réels qui m’entourent, à commencer par quelques aspects qui me sont propres (mais je ne vous dirai pas lesquels) !
E. A. : Au-delà de son aspect physique, encore entre deux âges, j’aimais l’idée qu’elle vienne d’un milieu modeste, et que le pouvoir d’attraction sociale de la famille Barlet agisse autant sur elle que leur pouvoir de séduction. Ainsi, quand elle s’abandonne, elle ne sait jamais réellement si elle cède à leur attrait physique pur, ou à ce qu’ils représentent par rapport à ses propres origines. C’est d’ailleurs tout ce qui est à l’œuvre dans son dilemme initial, entre David l’entrepreneur à succès, direct et solaire, et Louis, l’esthète plus sombre et plus difficile à déchiffrer.
E. A. : J’ai surtout voulu mêler romanesque et érotisme à parts égales, ce qui n’est pas toujours le cas des livres du genre que vous mentionnez, où les scènes dites sexuelles s’enchaînent parfois sans trop de lien ni de liant. Le Mommy porn se veut je crois efficace et stimulant, alors que je n’hésite pas à prendre mon temps, et notamment à installer mon décor, dont l’importance est capitale dans l’histoire (en particulier l’Hôtel des charmes et ses chambres sans numéros). De ce point de vue, je pense donc m’être plutôt inscrite dans une tradition très française de la littérature érotique. Si je devais oser me référer à un classique du genre, ce serait plus Histoire d’O que Cinquante nuances de Grey.
E. A. : Je me suis documentée, mais je n’en ai pas rencontré à titre personnel. Je ne voulais pas être influencée et surtout, bien que ce sujet constitue mon point de départ, je ne voulais pas en faire le centre de mon histoire. Je souhaitais donc être crédible dans ma description de ce milieu, mais aussi en développer ma propre vision romanesque, ne pas en faire une sorte de reportage ultra-réaliste. Là aussi, pour citer une référence bien connue, je me sens plus proche du film Belle de jour de Luis Bunuel, que de Mes chères études. D’ailleurs, le nom de l’agence, Belles de nuit, est un clin d’œil volontaire et assumé au film de Bunuel.
E. A. : Non, car j’en présente je crois assez bien les écueils, les dangers, aussi bien pour les jeunes femmes qui s’y prêtent que pour leurs clients. Et puis, une fois encore, ce n’est que le point de départ du récit ; un piège dont Annabelle cherche justement à se libérer, même si tout l’y ramène obstinément.
>> "50 nuances de Grey", "Dévoile-moi" : le Mommy Porn vous veut-il du bien ? <<
E. A. : Tout lecteur ou lectrice qui apprécie la sensualité évidemment (je crois et je l’espère sans vulgarité), mais aussi le suspense et les grandes sagas familiales. Les tomes 2 et 3 développent plus encore ces aspects de l’histoire, jusqu’à brosser le portrait d’une famille de magnats des médias sur plusieurs générations. De ce point de vue, même si je sais que les lecteurs de ce type de romans sont plutôt des lectrices, je pense qu’il s’adresse tout autant aux hommes (plus volontiers amateurs d’intrigues tortueuses). La trame d’un thriller hitchcockien, un récit intime et de l’érotisme, ce sont tous les ingrédients que j’apprécie moi-même et que j’ai tenté de réunir en une seule fresque contemporaine.
*Offre valable jusqu'au 03/08/2014 et uniquement pour toute nouvelle inscription. »
Emma Mars, Hôtel, Chambre 1, éditions First.