300 000, c'est le nombre d'enfants qui dépendent de l’Aide sociale en France. Alors qu’une grande partie d’entre eux, une fois adultes, viendra s’ajouter à la foule des marginaux et des exclus, Catherine Enjolet milite pour que tous ces enfants, isolés ou orphelins, puissent nouer des liens avec les milliers d’adultes candidats à l’adoption affective. En effet, l’écrivain, plusieurs fois décorée pour son engagement humanitaire, estime que cette « nourriture affective » est indispensable au développement de tout individu. D'ailleurs, par le biais de son association, « Parrains par mille », elle prône la reconnaissance publique de la notion d’adoption affective. Explications…
Catherine Enjolet : Ce livre, « Plaidoyer pour l’adoption affective » est le résultat de 25 ans de travail, concrétisés par des actions, des publications et trois essais (« En danger de silence » chez Robert Laffont et J’ai Lu, « Les liens du sens » chez Ramsay et « Ceux qui ne savent pas donner ne savent pas ce qu’ils perdent » chez Lattès), visant à promouvoir le principe de l’adoption affective.
Cette notion se vit au quotidien. Elle consiste à créer des liens affectifs mutuels, avec l’accord de toutes les parties concernées, et ce, sans qu’aucun contrat ne soit nécessaire. Il s’agit avant tout d’un geste solidaire spontané, que l’association « Parrains par mille », développe davantage chaque jour sur l’ensemble du territoire national.
Ce livre est donc une synthèse qui tente de répondre à une double attente. D’un côté, celle de milliers d’enfants ou d’adolescents en manque de liens affectifs. De l’autre, celle d’innombrables adultes, candidats à l’adoption affective et qui ne demandent qu’à transmettre leur amour, leur éducation, etc. C’est également, bien sûr, une réponse à l’immobilisme de la question de l’adoption en France.
C. E. : L’adoption affective est plus simple et plus souple, notamment parce qu’il ne s’agit pas d’une procédure juridique. Il n’y a donc pas de démarche administrative à suivre, de critères à respecter, etc. Ce concept concerne tous les enfants sans liens mais aussi tous les adultes candidats à l’adoption, quels qu’ils soient. Les « recalés de l’affectif » à qui l’on explique qu’ils n’ont aucune chance de pouvoir adopter en France et que l’on envoie au bout du monde. Ainsi, outre sa capacité à empêcher cette « fuite des cœurs », l’adoption affective est possible, dans son immeuble, en bas de chez soi, au bout de la rue. En clair, partout où des enfants, et ils sont des milliers, attendent que quelqu’un leur tende la main.
C. E. : En effet, dès lors qu’elles dépassent leur strict rôle d’éducateur, les familles d’accueil, salariées de l’Aide sociale à l’enfance, sont accusées de « délit d’attachement ». Mais, en quoi est-ce une faute ? Laisser un enfant grandir sans nourriture affective est un véritable gâchis ! Aujourd’hui, en France, 100 000 enfants vivent dans l’isolement et la précarité tandis que 160 000 autres, placés, grandissent sans vie familiale. Une fois adulte, 80 % de ces jeunes sans attache, que j’appelle « sans affectifs fixes » (SAF) iront s’ajouter à la foule d’exclus et de sans abris.
Or, il est possible de leur éviter cet avenir avec de l’amour et de l’affection, indispensables au bon développement physiologique et psychique de tout individu. D’ailleurs, le droit à l’affection est le premier des droits de l’enfant. Pour tous les jeunes souffrant de malnutrition dans ce domaine, l’adoption affective est une opportunité de nouer des liens avec des adultes ou des familles consentant à donner, sans rien attendre en retour, de leur temps et de leur affection.
« Plaidoyer pour l’adoption affective » de Catherine Enjolet, chez Pocket. 6,50 euros.
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