Pour l'environnement, les produits laitiers issus des vaches sont dramatiques. Leur production, leur transformation et leur transport sont responsables d'environ 4% des émissions de gaz à effet de serre mondiales, d'après un rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Un chiffre qui a crû de 18% entre 2005 et 2015, selon un rapport de janvier 2019. Au-delà de la pollution considérable que l'industrie laitière engendre, le traitement réservé aux vaches révolte de nombreux consommateurs. Côté bénéfices pour la santé aussi, le lait pèche. Une étude récente publiée sur The Lancet avance ainsi que boire ou manger plus de 250 grammes de produits dérivés du lait de vache par jour pourrait fragiliser nos os.
Pour toutes ces raisons, beaucoup se tournent vers des alternatives végétales. Amande, soja, riz ou encore avoine, ces céréales aussi peuvent être métamorphosées en "lait" qui fait de plus en plus d'adeptes. Mais si leurs vertus sont largement plébiscitées, qu'en est-il de leur bilan écologique ? Réponse.
On en trouve facilement un peu partout, le lait d'amande possède un goût particulier qui marque les palais - parfois trop, d'ailleurs. Côté impact environnemental, il est l'un des plus coûteux. En eau, surtout. Car s'il bat positivement les autres laits végétaux en termes d'émissions de gaz à effet de serre, comme l'indique le graphique ci-dessus, établi par la BBC, il requiert cependant une quantité d'eau abondante.
Un article de Tom Philpott publié en 2014 et intitulé Laissez tomber le lait d'amande, bande de sales hipsters ignorants démontre ainsi que pour produire une seule amande, il faudrait 4 litres d'eau. Et donc 10 000 litres pour un kilo d'amandes. Une consommation monumentale sachant que la graine pousse principalement dans des zones où l'eau manque, comme en Californie (qui représente 80 % du marché avec plus de 320 000 hectares de vergers d'amandiers) ou en Méditerranée.
De plus, la pollinisation des amandiers se fait grâce à l'intervention d'abeilles itinérantes qui viennent fertiliser leurs fleurs. Rien de critique jusque-là si ce n'est que leur exposition aux pesticides utilisés par les producteurs les tue à petit feu. Pendant l'hiver 2019, 50 milliards seraient ainsi mortes à cause des produits toxiques. Une hécatombe inquiétante. Et un bilan plus que discutable.
L'argument anti- lait de soja n'est pas nouveau : la culture de la céréale est l'une des causes principales de la déforestation de l'Amazonie. En 2015, 6000 km² ont été brûlés pour faire pousser le précieux aliment. Sauf que 70 à 90 % de ces champs ne sont pas réservés à la confection de lait, explique Greenpeace, mais plutôt à l'alimentation du bétail (qui produira en grande partie du lait... de vache). Le soja que l'on retrouve dans notre alimentation provient en réalité principalement d'Europe et du Canada.
Pour ce qui est de sa production en eau, le lait de soja requiert 300 litres d'eau pour un litre, ce qui est déjà beaucoup. Mais comparé au lait de vache, qui lui nécessite 1000 litres d'eau pour un litre produit, ou au lait d'amande, le lait de soja apparaît comme une alternative responsable.
On l'aime pour son goût, plus sucré que le lait de soja ou d'avoine, mais le lait de riz a des défauts majeurs : son manque de bénéfices nutritionnels et sa consommation d'eau, qui dépasse de loin ces derniers. S'il n'existe pas de rapport qui quantifie son impact sur l'environnement sur toutes les coutures, quelques éléments peuvent toutefois nous éclairer.
Ainsi, les émissions de gaz à effet de serre sont beaucoup plus importantes que les autres substituts au lait de vache. La faute aux bactéries qui développent du méthane si la céréale est cultivée humide, ou de l'oxyde nitreux si on le fait pousser sec. D'après une étude, le riz serait même la première source d'émission de méthane au monde devant les bovins. Le Vif évoque aussi les conditions de travail difficiles des hommes et des femmes qui s'occupent de le récolter. Difficile donc de labelliser le lait de riz 100 % écolo, même s'il reste beaucoup moins polluant que le lait de vache.
Dernière alternative à figurer sur notre panel, le lait d'avoine a la cote. Avec une croissance phénoménale ces deux dernières années, la boisson intrigue. "Il y a un buzz autour du lait d'avoine, particulièrement aux Etats-Unis que l'on ne voit pas sur les autres laits végétaux", assure Andy Coyne, correspondant alimentation pour le cabinet d'analyses de données GlobalData, à l'AFP. Entre 2018 et 2019, ses revenus ont plus que triplé. Sa force ? Un goût moins prononcé que le lait d'amande, et une texture crémeuse qui convient même aux cappuccinos, le péché mignon des millenials.
Et puis, son faible impact écologique séduit. On le voit bien sur le graphique, il est en haut du podium sur quasiment tous les tableaux. Et nécessite respectivement 15 et 8 fois mois d'eau à sa fabrication que le lait de vache et d'amande, selon une étude publiée dans la revue Science en 2018, rapporte l'agence. Grâce à sa production majoritairement locale, ajoute Le Vif, les circuits sont réduits. On tiendrait donc un gagnant.
Quelle que soit votre préférence, il reste indispensable de préciser qu'aucune de ces alternatives ne sont aussi néfastes pour l'environnement que le lait de vache. Il n'y a plus qu'à choisir selon vos priorités : baisse des émissions de gaz à effet de serre, diminution de la consommation d'eau, ou protection des forêts ?