F.M. : D'abord, je pense que la révolution numérique ne s'est pas faite partout en France. Il y a une grande effervescence sur la Toile et notamment les réseaux sociaux, particulièrement à Paris, dans les grandes villes, chez les cadres et les jeunes diplômés. Mais pour l'ensemble de la population, les journaux et la télévision restent tout puissants en matière d'information.
En France (hors Paris) les outils numériques ne sont pas suffisamment démocratisés, et ce sont les femmes les premières pénalisées. La high tech reste l'apanage des hommes. Les femmes, elles, sont sur des segments qui sont davantage liés à la vie quotidienne. En outre, elles sont plus attachées aux relations traditionnelles, elles sont plus concrètes et plus directes. Je les rejoins sur ce point !
J'ai toujours pensé en tant que politique que les campagnes de terrain sont plus efficaces, car elles permettent de s'expliquer entre quatre yeux. On n'a pas trouvé mieux !
TF : On note quand même le succès des sites de la commune pour participer à la vie publique. Ils sont les plus utilisés, devant les sites associatifs, et les sites des politiques. Les médias de proximité sont-ils plus adaptés à la politique sur le Net ?
F.M. : Les médias de proximité rencontrent un vrai succès... on note un essor constant de la presse régionale et locale car celle-ci relate la vie et les relations interpersonnelles.
Or il y a une vraie demande pour cela. La révolution numérique se fait au profit de la proximité, et cela confirme qu'il ne faut pas se tromper de cible, en tant que politique. Personnellement, j'essaie donc de répondre très concrètement aux questions des électeurs. C'est l'essence même de la politique, sur le net ou ailleurs.
F.M. : C'est ce qu'on appelle la théorie de la transparence : tout est sur le net, on ne sait plus séparer le privé du public, il faut tout accepter. Or certains blogs vont trop loin, il y a une vraie dérive.
Tout est permis pour trouver le bon jeu de mots, la meilleure caricature, et pour faire du buzz. Cela devient un jeu public qui dévalorise la politique sur le net. Or quand il n'y a plus de déontologie, c'est préjudiciable pour la démocratie, d'autant qu'il n'y a aucun gendarme pour le moment.
On avait déjà assisté à ce genre de dérives pendant la dernière campagne présidentielle, cela s'était tassé, et ça reprend avec les régionales. Moi, je prends mes distances avec ce type de pratiques, j'estime que tous les coups ne sont pas permis.
Née en 1954 en Algérie, Fadila Méhal arrive en France à l'âge de 4 ans. Après avoir décroché le DEA du CELSA à la Sorbonne, elle retourne dans son pays d'origine pour étudier le journalisme. Elle travaille pendant 4 ans à la RTA, la radiotélévision algérienne. C'est à cette période, que Fadila Méhal se découvre une passion pour le militantisme social et politique.
Directrice pendant 10 ans de la MJC (Maison des Jeunes et de la Culture), elle s'occupe par la suite du FASILD (Fonds d'Action et de Soutien pour l'Intégration et la Lutte contre les Discriminations) en Nord-Pas de Calais et Languedoc-Roussillon. Conseillère aux cabinets ministériels de Catherine VAUTRIN et de Nelly OLIN, en charge de la lutte contre l'exclusion et de l'égalité des chances, elle est également membre de la section des affaires sociales du Conseil Economique et Social jusqu'en 2007.
Après les émeutes dans les banlieues fin 2005, Fadila Méhal crée l'association " Les Mariannes de la Diversité " qui milite pour la promotion des femmes issues de l'immigration.
Aujourd'hui, elle est directrice de la culture et de l'information à l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances (Acsé). Son engagement, Fadila Méhal le concrétise aussi dans la politique. Elle est tête de liste du Modem à Paris pour les élections régionales 2010.