Un phénomène est en pleine expansion aux Etats-Unis et fait doucement son petit bonhomme de chemin en France : le financement participatif pour avoir un bébé. Pour certains futurs parents, le crowdfunding est un moyen de subvenir aux frais médicaux liés à la grossesse. Pour d'autres, il s'agit d'un financement en vue d'une demande d'adoption ou encore d'une contribution aux dépenses liées à l'éducation de leurs enfants. Mais faire un appel aux dons sur la toile pour devenir parents, n'est-ce pas un peu étrange ?
Aujourd'hui, sur les sites de crowdfunding type Gofundme, on peut faire une demande de récolte de fonds sur à peu près tout : un projet professionnel, une association, un coup de pouce pour terminer de payer les travaux de sa maison, un voyage, le règlement des frais médicaux de son animal de compagnie ou des funérailles d'un proche... Alors pourquoi ne pourrait-on pas demander de l'argent pour concevoir ou accueillir un bébé ? Un bébé coûte cher, surtout aux Etats-Unis où le système de santé ne prend pas les frais médicaux de la femme enceinte en charge et où l'accès aux soins est un luxe, de manière générale. Et une fois qu'il est venu au monde, élever un enfant (vêtements, jouets, scolarité, activités), c'est aussi un sacré budget. Un papa de 4 enfants, dont des triplés, a d'ailleurs récemment fait un appel aux dons sur Internet afin d'obtenir des fonds pour engager une nounou qui les épaulerait, lui et sa femme.
Avec le financement participatif, les internautes sont solidaires des causes qui les touchent. D'ailleurs, ces mêmes donateurs pourraient bien être les demandeurs de demain, ce qui les rend d'autant plus enclins à participer à ces cagnottes d'un nouveau genre.
Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à voir cette tendance du crowdfunding spécial bébé prendre de l'ampleur. En France par exemple, Sarah avait lancé une levée de fonds l'an dernier sur le site de crowdfunding Indiegogo pour demander aux internautes de l'aider à réaliser son rêve : devenir maman. Célibataire et souffrant d'endométriose, la seule chance de concevoir un enfant pour cette trentenaire française était de passer par une fécondation in vitro à l'étranger. Grâce à ses donateurs, elle a récolté près de 3 000 euros.
Cela dit, avoir un enfant est un choix personnel, rappelle Blair Koenig , blogueuse parentale sur le site sheknows. Et les dépenses (en France, le coût d'un enfant tournerait autour de 100.000 euros de sa naissance à ses 18 ans) que cela inclut également. D'ailleurs, souligne-t-elle, de nombreux futurs et jeunes parents auraient bien besoin d'un petit coup de pouce financier, mais la plupart se dépatouillent tout seuls.
Ainsi, selon la blogueuse, les amis Facebook (incluant famille, collègues et amis) ne devraient donc pas être mêlés à ce projet. Et encore moins des inconnus quand un appel aux dons est publié sur un site de crowdfunding. En effet, en cas de demande de financement d'une création d'entreprise, les participants pourraient contribuer parce que ce projet leur tient à coeur, qu'ils estiment qu'ils apportent quelque chose de plus à la société. Ce n'est pas le cas d'un bébé, hormis pour le couple qui en a le désir. A moins, que tous les participants soient ensuite considérés comme les tontons et parrains du bébé...