Lipsadon. Ce nom ne vous dit rien ? Normal, seuls les initiés le connaissent.
Cette société basée dans le Gard (30) exactement à Laudun-l'Ardoise est un laboratoire indépendant spécialisé dans la reconnaissance vocale et le nettoyage d’images vidéos. Elle a notamment permis l’arrestation du Youssouf Fofana dans l’affaire du gang des barbares.
Compte tenu de sa spécialité, Lipsadon ne compte qu’un seul et unique client : le ministère de la Justice.
Et c’est là que le bât blesse, comme l’a expliqué au journal de France 2, le Président-Directeur- Général, Norbert Pheulpin. Les téléspectateurs ont ainsi appris qu’en ne payant pas sa facture d’un montant de 226 000 euros, le ministère de la Justice avait mis en péril cette société, unique en France.
Pour faire face à cette situation, le patron a été obligé de réduire la voilure : la moitié de son personnel a été licencié. « Mais, cela ne suffit pas car il faut faire face aux charges inhérentes à notre société. Et, si la situation ne s’améliore d’ici le début de l’année 2014, nous serons obligés de mettre la clé sous la porte ».
Pour la deuxième fois en un an, la société a assigné l’état devant le tribunal administratif de Nîmes afin que le ministère de la justice paie ce qu’il lui doit.
Le Figaro.fr a été le premier a révéler cette affaire. D’après notre confrère, le ministère du Redressement productif a proposé, via la Banque publique d’investissement (BPI), d'aider Lipsadon en se portant caution à hauteur de 70% d'un éventuel prêt destiné à alimenter la trésorerie, le temps que l'État s'acquitte de sa dette. Mais les banques restent toutefois plus que frileuses.
Pour autant, le ministère de la Justice, continue, comme si de rien n’était, à faire appel aux services de cette société, creusant encore un peu plus le trou financier « abyssal » dont il est à l’origine.
Une situation ubuesque qui risque de perdurer encore longtemps. En effet, Christiane Taubira, la garde des Sceaux, ministre de la Justice dit ne pouvoir intervenir « il s'agit d'une affaire pendante devant les juridictions administratives dans laquelle il ne nous est pas possible d'interférer ».
En janvier dernier, Norbert Pheulpin a obtenu la condamnation de l'État pour un impayé de près de 170 000 euros, qui ont fini par être réglés mais pas en totalité.
Aujourd’hui, lui et ses associés puisent dans leurs ressources personnelles pour faire face. Mais, cela, faute de liquidités ne va pas pouvoir durer longtemps